Critique de la Bible
Principaux
ouvrages d’apologétique :
Principaux
ouvrages des rationalistes :
Appel aux
massacres et génocides
Le ridicule
des principes de la Loi
La Passion
et le Sacrifice du Christ
Abbé F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique
rationaliste, histoire et réfutation des objections des incrédules contre les
Saintes Ecritures, 4 tomes, Paris, A. Roger & F. Chernoviz, 1886.
Abbé Lusseau et Abbé Collomb, Manuel d’études bibliques, 6 tomes,
Paris, Téqui, 1936.
Abbé A. Boulenger, Manuel d’Apologétique : Introduction à la doctrine
catholique, éd. Emmanuel Vitte, Paris, 1937.
Maurice Brillant et abbé Nédoncelle
(sous la direction de), Apologétique, Nos raisons de croire, réponse aux
objections, Bloud et Gay, 1937.
R.P. J. Renié, Manuel d’Écriture
Sainte, Vitte, 1948.
V. Messori, Hypothèses sur Jésus, Mame, Paris, 1979.
Jean Carmignac, La Naissance des
Évangiles Synoptiques, Éd.
François Xavier de Guibert, 1984.
Claude Tresmontant : Le
Christ Hébreu. La langue et l’âge des Évangiles, F.-X. de Guibert), en édition « poche » chez Albin
Michel, 1992.
Abbé
Philippe Rolland, L'origine et la date des évangiles. Les témoins oculaires
de Jésus, Paris, éd.
St-Paul, 1994.
V. Messori, Il a souffert sous
Ponce Pilate, F.-X. de
Guibert, 1995.
Marie-Christine Ceruti-Cendrier, Les Evangiles sont des reportages,
Téqui, Paris, 1997.
Voltaire, Dictionnaire philosophique.
Pigault-Lebrun, Le Citateur, 1ère parution 1803, dernière réédition : Baudoin
Editeur, Paris, 1978.
Magen Hippolyte, Les prêtres et les moines à travers les ages, Paris, Librairie
illustrée, 1871.
Taxil Léo, La vie de Jésus. Edition complète de 1900 avec citations textuelles des
évangiles et critique amusante, P. Fort, Paris, 1900.
Taxil Léo, La Bible amusante. Edition complète de 1903-1904 donnant les citations
textuelles de l’Ecriture Sainte et reproduisant toutes les réfutations opposées
par Voltaire, Fréret, Lod Bolingbroke, Toland & autres critiques, P.
Fort, Paris, 1904.
Brocher Gustave (ancien théologien), Absurdités et atrocités de la Bible,
Impr.-éditions de « l'Idée libre », 1926.
Roger Henri (doyen honoraire à la
Faculté de Médecine de Paris), Les
Miracles, Bibliothèque Rationaliste, Jean Crès Editeur, Paris, 1934.
Turmel Joseph, Réfutation du catéchisme, Editions de l’Idée Libre, Herblay, 1937.
Lorulot André, Histoire des papes, Editions de l’Idée Libre, Herblay, 1939.
Las Vergnas Georges, Jésus-Christ a-t-il existé ?, Paris, Ed.
La Ruche Ouvrière, 1966.
Fau Guy, La fable de Jésus-Christ, Edition de l’Union Rationaliste, 1967.
Ory G., Le Christ et Jésus, Edition du Pavillon, 1968.
Rougier Louis, Celse contre les chrétiens, Copernic, 1977.
Hallet Marc, Que penser des apparitions mariales ?, P.M. Favre, 1985.
Alfaric Prosper, A l'école de la raison : études sur les origines chrétiennes,
Paris, Nouvelles éditions Rationalistes, 1988.
Gripari Pierre, L’Histoire du méchant Dieu, L’Age d’Homme, Lausanne, 1988.
Hallet Marc, Les apparitions de la Vierge et la critique historique,
auto-édition, 2001.
Cascioli Luigi, La Fable du Christ, chez l’auteur, 2001.
Finkelstein Israël et Silberman Neil
Asher, La Bible dévoilée. Les nouvelles
révélations de l'archéologie, Editions Bayard, 2002.
Hallet Marc, Les origines mythiques du christianisme, auto-édition, 2003.
Prosper Alfaric, Jésus a-t-il existé ?, éditions Coda, 2005.
« La Loi de Moïse est avant tout raciste.
C’est même, n’hésitons pas à le dire, le grand classique du genre, le texte le
plus ancien, le plus violent, le seul peut-être
qui prêche aussi précisément le racisme biologique, en allant du premier
coup jusqu’à ses plus extrêmes conséquences.
Certes, les hommes n’ont pas attendu
la Thora pour se massacrer entre eux. Mais jamais encore on n’avait fait du
massacre un devoir religieux, en tirant argument du caractère congénitalement
impur des victimes. Le judaïsme, c’est vraiment le racisme de droit
divin. »[1]
_
Ezéchiel 16-3 : « Ainsi parle le Seigneur l'Éternel à Jérusalem : Par ton
origine et ta naissance, tu es de la terre du Cananéen ; ton père était
l'Amorrhéen et ta mère une Héthienne. »
Par rapport
aux autres livres prophétiques de la Bible, le Livre d'Ezéchiel peut
être considéré comme hérétique. En effet, d'après Ez. XVI, 3, les Israélites ne
sont pas de race pure car ils ont pour père un Amorrhéen et pour mère une
Héthéenne, tous deux descendant de Kanaan. Or la doctrine des rabbins fut
toujours celle de Genèse XXVIII, 1-2[2],
à savoir que les Israélites sont de pure race. Si ce livre figure néanmoins
dans la Bible, c'est qu'il échappa, on ne sait trop comment ni pourquoi, à la
purge qu'effectuèrent les rabbins lorsqu'ils établirent le canon de leurs
textes sacrés.[3]
Se dit de
passages de la Bible relatant des actions qui seraient, selon les standards
moraux actuels, considérés comme atroces (génocides, inceste, esclavage,
brutalité, massacres, etc.)
Pour
pratiquement toutes les atrocités bibliques, les croyants ont proposé des
explications. Dans certains cas, elles permettent de voir qu’en fait ce n’est
pas si scandaleux. Mais la plupart du temps elles ne parviennent pas à justifier
le pourquoi de l’acte posé. On a des raisons de croire que ces explications
sont plutôt des tentatives de fuite.
Tout au
long de la bible, et particulièrement dans l’Ancien Testament, la justice
divine s’avère cruelle et disproportionnée. Des crimes insignifiants sont punis
par des massacres, souvent d’innocents non concernés.
_
Genèse 6 : 5-7 : « Yahvé vit que la méchanceté de l’homme était
grande sur la terre et que son coeur ne formait que de mauvais desseins à
longueur de journée. Yahvé se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre et il
s’affligea dans son cœur. Et Yahvé dit : « Je vais effacer de la surface du sol
les hommes que j’ai créés, - et avec les hommes, les bestiaux, les bestioles et
les oiseaux du ciel, - car je me repens de les avoir faites. »
S’il
voulait vraiment que les hommes ne soient pas violents, pourquoi les avoir
faits à son image ? Tout au long de la bible Yahvé multiplie et encourage les
massacres et les génocides ! D’ailleurs, comment un dieu parfait, bon, sage et
tout-puissant pourrait-il se repentir d’avoir fait quelque chose ?
_
Genèse 19 : 23-25 : « Au moment où le soleil se levait sur la terre
et que Lot entrait à Çoar, Yahvé fit pleuvoir sur Sodome et sur Gomorrhe du
soufre et du feu venant de Yahvé, et il renversa ces villes et toute la plaine,
avec tous les habitants des villes et la végétation du sol. »
Nouveau
massacre de grande échelle. Et là surgit une question : pourquoi avoir doté
l’Homme de libre arbitre si c’était pour le tuer chaque fois que ses choix
devaient déplaire ?
_ Samuel 12 : 31 : « Quant aux habitants, il(David)
les fit sortir, et les mit sous des scies et sous des herses de fer et sous des
haches de fer, et les fit passer par des fours à briques. »
Tout commentaire est inutile…
Louis Roussel, dans son
ouvrage : Le Livre de Josué
(Paris, PUF, 1955) écrit page 56, à propos des « fours à
briques » : « Ce n’est pas Hitler qui a inventé les
crématoires. »
La seule défense des chrétiens que
nous avons trouvé pour atténuer ce passage est cette note que l’on peut lire
dans La Bible annoté de Frédéric
Godet :
« Fours à briques. Cette traduction est due à une correction du
texte. Le mot employé (Malken) pourrait être envisagé comme une
forme du nom Moloch ; le sens serait : Faire passer par Moloch,
c'est-à-dire par sa statue rougie au feu, dans les bras de laquelle les
Ammonites jetaient parfois leurs propres enfants. »
Tout particulièrement concernant
l’esclavage, les défenseurs de la « morale » biblique affirmeront
qu’il faut remettre les choses en contexte, qu’à l’époque il aurait été
impossible d’interdire l’esclavage et que la Bible était déjà une révolution
des moeurs.
Mais cela ne fait que confirmer que
la Bible n’est qu’un code civil comme un autre, de son époque, sans aucune
caractère divin, transcendant et absolu.
_ Genèse
9 : 24,25 : « Lorsque Noé se réveilla de son ivresse, il apprit
ce que lui avait fait son fils le plus jeune. Et il lui dit :
« Maudit soit Canaan ! Qu’il soit pour ses frères le dernier des
esclaves ! »
Suivant les traductions, le mot
« esclave » est remplacé par « serviteurs ».
Il n'y a pas une seule ligne dans la
Bible condamnant l'esclavage et elle va jusqu'à légiférer sur l'esclavage.
Cham, père de Canaan, a toujours été
présenté par la tradition comme étant l'ancêtre putatif de la race noire.
Certains prétendent que la traite des noirs a pu se justifier par ce passage de
la Bible. Pourtant, reconnaissons qu’a priori, seul Canaan est maudit et
devient esclave, pas forcément sa postérité ?
D'après la Loi de Dieu, il est
interdit de réduire à l'esclavage un Israélite. Et un serviteur israélite est
forcément libéré l'année du Jubilé. En revanche, il est autorisé de se procurer
de réels esclaves chez les étrangers, y compris parmi les enfants de ceux qui
résident en Israël... :
_
Lévitique 25 : 39-46 : « Quand un de vos compatriotes tombé dans la
misère devra se vendre à vous comme serviteur, ne lui imposez pas une tâche
d’esclave, mais traitez–le comme un ouvrier salarié ou un hôte résidant chez
vous. Il sera à votre service jusqu’à l’année du Jubilé. A ce moment–là, la
liberté lui sera rendue, ainsi qu’à ses enfants ; il regagnera sa famille et
rentrera en possession de la terre de ses ancêtres. En effet, les Israélites
sont à mon service, eux que j’ai délivrés d’Égypte ; c’est pourquoi ils ne
doivent pas être vendus comme on vend des esclaves. Ne les traitez pas avec
brutalité. Montrez par votre comportement que vous me respectez, moi, votre
Dieu. Si vous avez besoin d’esclaves ou
de servantes, vous vous en procurerez auprès des nations qui vous entourent.
Vous pourrez également en acquérir parmi les enfants des étrangers venus
résider dans votre pays ou parmi les membres de leurs clans nés sur place. Ils
vous appartiendront. Plus tard vous les laisserez en héritage à vos fils, afin
qu’ils en aient la propriété à leur tour. Vous pourrez les garder comme
esclaves à perpétuité. Par contre, que jamais personne parmi vous ne traite
avec brutalité un de ses frères israélites. »
_
Exode 21 : 20-21 : « Lorsqu'un homme frappe son serviteur ou sa
servante du bâton et que celui-ci meurt sous les coups, il doit être vengé ;
toutefois, s'il survit un jour ou deux jours, il ne sera pas vengé, car il est
sa propriété. »
_ Lévitique
20 : 9 à 14 : « Quiconque aura maudit son père ou sa mère sera
mis à mort : il a maudit son père ou sa mère ; son sang est sur lui.
Si
quelqu'un commet adultère avec une femme mariée, adultère avec la femme de son
prochain, l'homme et la femme adultères seront mis à mort.
Si
un homme couche avec la femme de son père, il découvre la nudité de son père ;
ils seront tous deux mis à mort ; leur sang est sur eux.
Si
un homme couche avec sa belle-fille, ils seront tous deux mis à mort ; ils ont
commis une chose monstrueuse ; leur sang est sur eux.
Si
un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous
deux une chose abominable ; ils seront mis à mort ; leur sang est sur eux.
Si
un homme prend une femme et sa mère, c'est un crime ; on les brûlera au feu,
lui et elle, afin que ce crime n'existe pas parmi vous. »
Tout commentaire est inutile…
_
Deutéronome 17 : 2 à 7 : « Un jour peut-être, dans l’une des
villes où le Seigneur votre Dieu vous aura permis d’habiter, un homme ou une
femme fera ce qui déplaît au Seigneur et sera infidèle aux engagements pris
envers Dieu : il ira servir et adorer des dieux étrangers, ou même le
soleil, la lune et la multitude des astres. -Jamais le Seigneur ne vous a ordonné
d’agir ainsi ! - Si vous entendez parler d’un cas de ce genre, vous
mènerez une enquête minutieuse; si l’on découvre que cette chose abominable
s’est réellement produite en Israël, vous conduirez le coupable, homme ou
femme, à la porte de la ville et vous le mettrez à mort en lui jetant des
pierres. Un accusé ne pourra être condamné à mort que sur le témoignage de deux
ou trois personnes; le témoignage d’une seule personne ne suffira pas. Les
témoins seront les premiers à lui jeter des pierres pour le faire mourir, et le
reste du peuple interviendra ensuite. Vous ferez ainsi disparaître le mal du
milieu de vous. »
Les trois passages suivants
rapportent l'ordre de Dieu de massacrer le peuple Amalécite, ainsi que le
passage à l'acte de Saül. Les Amalécites avaient attaqués les Israélites une
fois, car ils s'opposaient à ce que ceux-ci traversent leur pays. Pour Dieu, le
sort est jeté : il faudra tous les exterminer :
_
Exode 17 : 14-16 : « Le Seigneur dit à Moïse : Mets tout cela par
écrit, pour qu’on ne l’oublie pas. Et dis à Josué que j’exterminerai les
Amalécites, de telle sorte que personne sur terre ne se souviendra d’eux. Alors
Moïse construisit un autel, auquel il donna un nom signifiant Le Seigneur est
mon étendard. Et il déclara : Puisque les Amalécites ont osé lever la main
contre le trône du Seigneur, le Seigneur sera toujours en guerre contre
eux. »
_
Deutéronome 25 : 17-19 : « Rappelez–vous ce que les Amalécites vous
ont fait, lorsque vous étiez en route, après la sortie d’Égypte. Ils n’avaient
aucune crainte de Dieu, si bien qu’ils vous ont attendus le long du chemin,
alors que vous étiez complètement exténués, et ils ont attaqué les
retardataires à l’arrière de votre troupe. Maintenant, le Seigneur votre Dieu
va vous installer à l’abri de tous les ennemis qui vous entourent, dans le pays
qu’il vous donne en possession ; vous exterminerez alors les Amalécites, de
telle sorte que personne sur terre ne se souvienne d’eux. N’oubliez pas cela
! »
_
Samuel 15 : 2-9 : « Voici ce que déclare le Seigneur, le Dieu de
l’univers : Je me souviens de ce que les Amalécites ont fait au peuple
d’Israël, lorsqu’il est sorti d’Égypte : ils lui ont barré le passage. Eh bien,
va les attaquer maintenant, détruis complètement tout ce qui leur appartient,
sans pitié. Mets à mort tous les êtres
vivants, hommes et femmes, enfants et bébés, boeufs et moutons, chameaux et
ânes. Saül mobilisa l’armée et la passa en revue à Télem. Il y avait deux cent
mille soldats à pied, et, en plus, dix mille hommes de Juda. Saül les conduisit
près de la ville des Amalécites et prépara une attaque surprise dans le ravin.
Puis il fit dire aux Quénites : Ne restez pas parmi les Amalécites,
éloignez–vous–en. Je ne veux pas vous faire subir le même sort qu’à eux, car
vous avez été bons envers les Israélites, quand ils sont sortis d’Égypte. Les
Quénites se séparèrent donc des Amalécites. Alors Saül battit les Amalécites de
Havila jusqu’à Chour, à l’est de l’Égypte. Il massacra toute la population,
sauf Agag, leur roi, qu’il fit prisonnier. Saül et ses soldats épargnèrent
Agag, ainsi que tout ce qu’il y avait de meilleur dans le bétail, boeufs et
moutons, bêtes vigoureuses et agneaux, en somme toutes les bêtes de valeur. Ils
ne détruisirent que ce qui était sans valeur et sans intérêt. »
Dieu a décidé de donner le pays de
Canaan à son peuple, les Israélites. Pour cela, il prévoit l'extermination des
peuples qui occupaient les lieux avant les Israélites :
_
Exode 23 : 23 : « Lorsque mon ange vous précédera pour vous conduire
chez les Amorites, les Hittites, les Perizites, les Cananéens, les Hivites et
les Jébusites, je détruirai ces peuples. »
_
Josué 8 : 24-25 : « Et lorsque Israël eut achevé de tuer tous
les habitants d'Aï dans la campagne, dans le désert où ils l'avaient poursuivi,
et que tous furent tombés sous le tranchant de l'épée jusqu'au dernier, tous
les Israélites revinrent à Aï et ils la frappèrent au tranchant de l'épée.
Et
tous ceux qui périrent en ce jour, tant hommes, que femmes, furent au nombre de
douze mille, tous gens d'Aï. »
Dieu ne se charge pas toujours
lui-même du sale boulot. À plusieurs reprises, il charge ses prophètes
d’effectuer des massacres et des génocides en son nom.
_
Nombre 25 : 1-9 : « Israël s’établit à Shittim. Le peuple se livra à
la débauche avec les filles de Moab. Elles l’invitèrent aux sacrifices de leurs
dieux ; le peuple mangea et se prosterna devant leurs dieux. Israël s’étant
ainsi commis avec le Baal de Péor, la colère de Yahvé s’enflamma contre lui.
Yahvé dit à Moïse : “Prends tous les chefs du peuple. Empale-les à la face du
soleil, pour Yahvé : alors l’ardente colère de Yahvé se détournera d’Israël.”
Moïse dit aux juges d’Israël : “Que chacun mette à mort ceux de ses hommes qui
se sont commis avec le Baal de Péor. »
Un peu plus tard, le peuple de Yahvé
lance une guerre contre les Madianites, en vengeance de l’affaire Péor Les rois
sont exterminés, le butin et le bétail razziés et l’armée revient avec des
prisonniers de guerre : les femmes et les enfants… Ce n’est visiblement pas
assez :
_ Nombre 31 :
9-18 : « Moïse
s’emporta […] « Pourquoi avez-vous laissé la vie à toutes ces femmes ? […] Tuez
donc tous les enfants mâles. Tuez aussi toutes les femmes qui ont partagé la
couche d’un homme. Ne laissez la vie qu’aux petites filles qui n’ont pas
partagé la couche d’un homme, et qu’elles soient à vous. »
Meurtre de 42 enfants par 2 ourses,
après que ceux-ci aient été maudits au nom de Yahvé par Élisée, parce que les
gamins s’étaient moqués de lui en disant : “Monte, Tondu ! Monte, Tondu !” Bel
exemple de tolérance et de justice divine :
_
II rois 2 : 23–25 : « Et il monta de là à Béthel ; et comme il
montait par le chemin, de jeunes garçons sortirent de la ville et se moquèrent
de lui en lui disant : Monte, chauve ! Monte, chauve !
Et
Elisée se retourna et les vit et les maudit au nom de l'Éternel ; et deux
ourses sortirent de la forêt et déchirèrent quarante-deux de ces
enfants. »
_
Deutéronome 21 : 18–21 : « Si un homme a un fils indocile et rebelle,
n'obéissant point à la voix de son père ni à la voix de sa mère, et qu'ils le
châtient, et que lui ne les écoute pas, son père et sa mère le saisiront et le
mèneront devant les Anciens de sa ville et à la porte du lieu où il habite, et
ils diront aux Anciens de la ville : Notre fils que voici est indocile et
rebelle, il n'obéit pas à notre voix, il est dissipateur et ivrogne.
Et
tous les hommes de sa ville le lapideront, et il mourra, et tu ôteras le mal du
milieu de toi, et tout Israël l'apprendra et craindra. »
La Thora n'interdit les sacrifices
humains que lorsque ces derniers sont offerts à une autre idole que Yaveh.
Autrement, c'est autorisé, et réglementé :
_
Lévitique 27 : Le Seigneur dit à Moïse de communiquer aux Israélites les
prescriptions suivantes : […]
28-29 :
« Mais tout ce que quelqu'un aura voué par interdit à l'Éternel dans ce
qui lui appartient, soit homme, soit animal, soit champ patrimonial, ne pourra
ni se vendre, ni se racheter : tout interdit est très saint et appartient à
l'Éternel.
Aucune
personne vouée par interdit ne pourra être rachetée ; elle sera mise à
mort. »
Certains chrétiens, pour prouver que
cette interprétation est mauvaise, affirment que l’autorisation de sacrifier
d’autres humains serait en contradiction avec le commandement “tu ne tueras
point”. Oui mais ce commandement ne signifie pas qu’il est interdit de tuer
tout être humain, mais plutôt que le meurtre est interdit, c’est-à-dire le fait
de tuer sans raison valable.
_
Juges 11 : 29-40 : « L’Esprit du Seigneur s’empara de Jefté. Il
parcourut la région de Galaad et le territoire de Manassé, puis il se rendit à
Mispé en Galaad, pour passer dans le territoire des Ammonites. Il fit cette
promesse solennelle au Seigneur : Si tu
livres les Ammonites en mon pouvoir, je te consacrerai et t’offrirai en
sacrifice complet la première personne qui sortira de ma maison pour venir
à ma rencontre, lorsque je reviendrai victorieux de chez les Ammonites. Jefté
franchit la frontière pour combattre les Ammonites et le Seigneur les lui livra.
Jefté remporta une éclatante victoire, il s’empara de vingt localités situées
entre Aroër, les alentours de Minnith et Abel–Keramim. Les Ammonites durent
alors se soumettre aux Israélites. Lorsque Jefté revint chez lui à Mispa, ce
fut sa fille qui sortit à sa rencontre, en dansant au rythme des tambourins.
Elle était sa fille unique, il n’avait pas d’autre enfant. Dès qu’il la vit, il
déchira ses vêtements et s’écria : Ah ! Ma fille, tu me plonges dans le
malheur, tu es toi–même la cause de mon désespoir ! J’ai pris un engagement
envers le Seigneur et je ne peux pas revenir sur ma promesse. Elle lui répondit
: Si tu as pris un engagement envers le Seigneur, agis à mon égard comme tu le
lui as promis puisqu’il t’a permis de te venger de tes ennemis ammonites.
Cependant, ajouta–t–elle, accorde–moi un délai de deux mois ; je me rendrai sur
les collines avec mes amies pour m’y lamenter de devoir mourir avant d’avoir
été mariée. Jefté lui donna la permission de partir pendant deux mois. Elle
alla donc sur les collines avec ses amies se lamenter de devoir mourir avant
d’avoir été mariée. Au bout des deux mois, elle retourna auprès de son père qui accomplit à son égard ce qu’il avait
promis. Elle mourut alors qu’elle était encore vierge. Dès lors, la coutume
suivante s’est établie en Israël : chaque année, les femmes israélites vont
pleurer pendant quatre jours sur le sort de la fille de Jefté, le
Galaadite. »
Certains affirment aussi que la fille
n’aurait pas vraiment été tuée mais plutôt offerte au temple pour y travailler
toute sa vie. Mais c’est encore là une contradiction avec la Bible, puisqu’il
est clairement écrit que la personne qui passerait la porte serait offerte en
holocauste et non pas en esclave.
_
Nombres 31 : 25-29 : « L’Eternel dit à Moïse : Fais, avec
le sacrificateur Eléazar et les chefs de maison de l’assemblée, le compte du
butin, de ce qui a été pris, personnes
et bestiaux. Partage le butin entre les combattants qui sont allés à
l’armée et toute l’assemblée. Tu prélèveras sur la portion des soldats qui sont
allés à l’armée un tribut pour l’Eternel, savoir : un sur cinq cents, tant des personnes que des boeufs, des ânes
et des brebis. Vous le prendrez sur leur moitié, et tu le donneras au sacrificateur Eléazar comme une offrande à l’Eternel. »
_
1 Rois 13 : 2 : « Il cria contre l’autel, par la parole de
l’Eternel, et il dit : Autel ! Autel ! Ainsi parle
l’Eternel : Voici, il naîtra un fils à la maison de David; son nom sera
Josias; il immolera sur toi les prêtres des hauts lieux qui brûlent sur toi des
parfums, et l’on brûlera sur toi des ossements d’hommes. »
Des chrétiens affirment que le mot
hébreu utilisé pour “immoler” est en fait équivalent à “tuer”. C’est encore là
une piètre consolation, puisque cela signifie que, non, ils ne seront pas
brûlés vifs. On les tuera d’abord, puis on brûlera leur cadavre sur l’autel.
Autre exemple, l’histoire d’Isaac, le
second fils, qui sera l’héritier de l’Alliance, non sans avoir échappé de
justesse à un meurtre rituel. Dieu demande à Abraham de lui offrir son fils
unique en holocauste. « Cette singulière requête, qui aujourd’hui nous
semble inadmissible, frappe douloureusement le malheureux père, mais ne le
surprend pas. C’est bien la preuve qu’à cette époque les anciens Hébreux
pratiquaient couramment les sacrifices d’enfants, comme leurs frères chananéens
et comme nos pères les gaulois.[4]
_
Genèse 11 : « Toute la terre avait une seule langue et les mêmes
mots. Comme ils étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au pays
de Schinear, et ils y habitèrent. Ils se dirent l'un à l'autre : Allons !
Faisons des briques, et cuisons-les au feu. Et la brique leur servit de pierre,
et le bitume leur servit de ciment. Ils dirent encore : Allons ! Bâtissons-nous
une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom,
afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre. L'Éternel
descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et
l'Éternel dit : Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue,
et c’est là ce qu'ils ont entrepris ; maintenant rien ne les empêcherait de
faire tout ce qu'ils auraient projeté. Allons ! Descendons, et là confondons
leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres. Et
l’Éternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre ; et ils
cessèrent de bâtir la Ville. »
Une tour dont le « somment
toucherait le ciel » est impossible. Les apologistes font remarquer qu’il
s’agit là seulement d’une expression sémite, qui a toujours tendance à
« exagérer ».
Il n’en reste pas moins que Dieu pris
peur et pour conjurer ce danger, il divise l’humanité, qui jusque là ne faisait
qu’une seule et même famille, en différentes nations parlant différentes
langues. Il nous faut donc bien le croire puisqu’il le dit lui-même :
c’est Dieu qui a voulu et sciemment provoqué tous les antagonismes, les
incompréhensions, les haines nationales et raciales, et nous pouvons le
considérer, d’ores et déjà, comme le pire ennemi de l’humanité.
Comme le dit très justement Pierre
Gripari : « De cette humanité, cependant, il ne peut se passer. Il a
besoin, névrotiquement, qu’on le vénère, qu’on l’adore, qu’on lui consacre des
prières, des vœux, des sacrifices. Ne pouvant plus se fier au genre humain dans
son ensemble, il tentera de se choisir un peuple de sectateurs serviles,
fidèles et craintifs, qu’il isolera d’abord des autres nations pour le
soumettre ensuite à lui. A cet effet, il usera tour à tour de l’intimidation,
de la séduction, de la menace et de la terreur. » [5]
Les chrétiens font descendre Jésus de
David, et, par conséquent, de Booz et de Ruth ; la prostitution et
l’inceste se trouvent ainsi à profusion dans le sang que Dieu choisit pour
s’incarner…
Notons également que « le
mariage de Bethsabée, grosse de David, est déclaré nul par plusieurs rabbins et
par plusieurs commentateurs, rapporte Voltaire. Parmi nous, une femme adultère
ne peut épouser son amant, assassin de son mari, à moins d’une dispense du pape :
c’est ce qui a été décidé par le pape Célestin III. Nous ignorons si le pape
peut, en effet, avoir un tel pouvoir ; mais il est certain que, chez
aucune nation civilisée, il n’est pas permis d’épouser la veuve de celui qu’on
a assassiné.
Il y a une autre difficulté : si
le mariage de David et de Bethsabée est nul, on ne peut donc dire que
Jésus-Christ est descendant légitime de David, comme le déclare l’Evangile en
donnant sa généalogie. Si, au contraire, on décide qu’il en descend légalement,
on foule aux pieds la loi de toutes les nations, l’une des lois universelles
conforme aux principes le plus élémentaires de la morale ; si le mariage
de David et de Bethsabée n’est qu’un nouveau crime, Jésus-Christ est donc né de
la source la plus impure, puisque le Nouveau Testament le fait descendre de
Salomon. Pour échapper à ce dilemme, les théologiens invoquent le repentir de
David, qui a tout réparé. Mais son repentir n’a été que de peu de durée, et il
a gardé la veuve d’Urie, sa victime ; donc, son crime s’est aggravé ;
c’est une difficulté nouvelle, que les théologiens ne peuvent résoudre, et ils
en sont réduits à se rabattre, comme toujours, sur la nécessité de la foi
aveugle, les volontés de Dieu étant incompréhensibles le plus souvent. »[6]
« A quoi bon, aurait pu dire
Abraham, m’avoir mis à la tête de toute cette généalogie, si le dernier de mes
descendants n’a collaboré en rien à l’engendrement du Messie ? Je suis
volé ! »[7]
Genèse
6 : 6-7 : « Et l'Éternel se repentit d'avoir fait l'homme sur la
terre, et il fut affligé dans son cœur.
Et
l'Éternel dit : J'effacerai de dessus la terre l'homme que j'ai créé, depuis
l'homme jusqu'au bétail, aux reptiles et aux oiseaux des cieux, car je me
repens de les avoir faits. »
« Le repentir d’un Dieu, voilà
qui n’est pas vulgaire. La douleur de maître Jéhovah était des plus vives,
puisqu’elle lui troubla la cervelle, au point de lui faire décréter
l’extermination des animaux, qui, eux, n’avaient pas péché. La critique pourra
dire aussi que le plus simple aurait été pour Dieu, attendu qu’il est
tout-puissant, de changer le cœur des hommes ; mais il préféra les noyer,
ce qui n’est pas très paternel… »[8]
Comme le dit Voltaire, des
naturalistes n’ont pas donné des raisons plausibles de la circoncision. Ils ont
prétendu qu’elle prévenait les ordures qui pourraient se glisser entre le gland
et le prépuce. Apparemment qu’ils n’avaient jamais vu circoncire. On ne coupe
qu’un très petit morceau de prépuce, qui ne l’empêche point du tout de
recouvrir le gland dans l’état du repos. Pour prévenir les saletés, il suffit
de se laver les parties de la génération, comme on se lave les mains et les
pieds. Cela est beaucoup plus aisé que de se couper le bout de la verge, et
beaucoup moins dangereux.
« Les Dix commandements ne sont
qu’une toute petite partie de la Loi juive, celle qui s’adresse uniquement à
l’individu de race élue pour définir l’attitude qu’il doit observer vis-à-vis
de son « prochain », c’est-à-dire des autres individus appartenant à
son peuple.
C’est dans cet esprit qu’il faut
comprendre, par exemple, l’interdiction du vol, du faux témoignage et du
meurtre. L’Hébreu ne doit pas voler l’Hébreu, ni même convoiter son bien. Mais
nous avons bien vu qu’il était parfaitement licite et louable de voler le
voisin, quand il est de nationalité égyptienne. Jacob-Israël n’avait-il pas
déjà donné l’exemple en dupant son beau-père Laban ? »[9]
Prenons un exemple caractéristique.
Voici ce que l’on peut lire dans le Deutéronome 23 :
20-21 : « Tu ne prêteras pas à ton frère, qu’il s’agisse d’un
prêt d’argent, ou de vivres, ou de quoi que ce soit dont on exige intérêt.
A l’étranger tu pourras prêter à
intérêt, mais tu prêteras sans intérêt à ton frère, afin que Yahvé ton Dieu te
bénisse en tous tes travaux, au pays où tu vas entrer pour en prendre
possession. »
Ainsi, contrairement à ce que l’on
croit, le prêt à intérêt, ou usure, est interdit par la loi juive, mais
seulement entre Hébreux. Il est toujours permis d’exploiter le goï !
Nous pourrions prendre aussi par
exemple l’épisode du veau d’or :
Après l’adoration du veau d’or par le
peuple, Moise descend du Sinaï, et brise les deux tables de pierre au pied de
la montagne. Pierre qui, rappelons-le,
porte notamment l’inscription suivante : « Tu ne tueras point ».
Or, le prophète va ordonner un
véritable massacre des Hébreux idolâtres par les Hébreux
monothéistes :
_ Exode
32 : 26-29 : « Moïse se plaça à la porte du camp et il dit : A
moi, ceux qui sont pour l'Éternel ! Alors tous les fils de Lévi se réunirent à
lui.
Et
il leur dit : Ainsi a dit l'Éternel, Dieu d'Israël : Que chacun de vous ceigne
son épée ! Passez et repassez dans le camp, d'une porte à l'autre, et que
chacun tue son frère, son ami, son parent.
Les
fils de Lévi firent ce que disait Moïse et il périt du peuple en ce jour là
environ trois mille hommes.
Et
Moïse dit : Consacrez-vous aujourd'hui à l'Éternel, puisque [vous avez
combattu] chacun contre son fils et son frère, et vous recevrez aujourd'hui une
bénédiction. »
« Rien de plus risible que les
efforts de certains commentateurs pour justifier, par exemple, les interdits
alimentaires par des considérations d’hygiène. Le porc, à les entendre, serait
impur à cause du ver solitaire… Mais on peut également attraper le ver
solitaire avec de la viande de bœuf ! Et les Grecs, qui vivaient dans les
mêmes climats, mangeaient du porc et ne s’en portaient pas plus mal ! La
vérité, c’est que les interdits sont là pour créer une discrimination entre le
peuple de Dieu, réputé le seul pur, et la racaille que constitue le reste de
l’humanité. »[10]
« Contrairement à ce que croient
les gens mal informés, la Loi juive ne repose pas sur le concept de justice,
mais au contraire sur le concept de pureté. Il y a des choses, des actes, des
personnes et des peuples qui sont impurs, en dehors de toute espèce de critère
moral, pour la simple raison que l’Eternel a décidé qu’il en était ainsi. Le
texte indique les signes auxquels on peut les reconnaître, mais il ne donne
jamais les raisons de leur impureté. L’expression « juste devant la
Loi » ne veut pas dire « juste ». Elle veut dire
seulement : respectueux de la Loi, en règle avec la Loi. La Loi, par
elle-même, n’est ni juste ni injuste, elle est la volonté arbitraire de Dieu.
Un exemple frappant de cette
amoralité foncière : Si une femme, en défendant son mari contre un autre
homme, attrape l’agresseur par le sexe, « tu lui couperas la main et tu ne
jetteras sur elle aucun regard de pitié. » (Deutéronome, 25 :
11-12). »[11]
Autre exemple, pendant le transport
de l’Arche, comme elle est en danger de tomber du chariot, un homme de bonne
volonté porte la main sur elle afin de la soutenir. Il est aussitôt foudroyé,
ce qui nous confirme, une fois de plus, que Dieu ne se soucie, ni de la justice
au sens où nous entendons ce mot, ni des bonnes intentions.
L’histoire de la désobéissance d’Adam
« prouve que le seigneur Jéhovah avait une arrière-pensée et qu’il était
bien aise que l’homme péchât. En somme, Adam aurait été en droit de lui
dire :
_ Mon petit père Elohim, si je ne me
trompe, le bien est ce qui est moralement bon, ce qui vous plait, et le mal,
par contre, est ce qui est mauvais, ce qui vous déplait… Est-ce bien
cela ?
_ Parfaitement, mon fiston, aurait
répondu le Créateur.
_ Par conséquent, aurait continué
Adam, laissez-moi apprendre en quoi consiste le mal, afin que je l’évite ;
ou bien pourquoi avoir mis ici cet arbre, s’il ne faut pas que j’y
touche ?...
Ce sont les curés qui se chargent de
la réplique, au lieu et place de leur drôle de Bon Dieu.
_ Dieu, disent-ils, imposait une
épreuve à l’humanité naissante ; il voulait voir si Adam lui obéirait, alors qu’il ne lui demandait qu’une
seule et très petite privation.
Mais il est facile de répliquer à la
réplique. D’après les curés eux-mêmes, Dieu connaît l’avenir : il avait
donc prévu ce qui allait arriver ; et, comme rien ne se fait sans sa
volonté, il savait parfaitement que l’homme mangerait du fruit de l’arbre en
question. Il voulait donc la chute de nos premiers parents… »[12]
Le pire, c’est que « ce Dieu qui
connaît l’avenir, qui avait prévu l’accident du serpent et de la pomme, et qui
se met alors à se fâcher comme s’il ne s’était douté de rien, comme si ce qui
vient d’arriver ne s’était pas produit de par son omnipotente volonté… »[13]
A noter, la fameuse phrase du
serpent : « Vous serez comme des Dieux », affirmant la pluralité
des dieux…
Les commentateurs catholiques,
embarrassés par cette phrase du serpent, s’en tirent en prétendant que par les dieux, le reptile aura voulu dire les anges…
Une des conséquences de la
désobéissance d’Adam et Eve :
_
Genèse, 3 : 16 : « Dieu dite ensuite à la femme : Je
multiplierai tes misères et tes grossesses ; et tu enfanteras dans la
douleur ; et tu seras sous la domination de ton mari. »
« A l’unanimité, les
commentateurs sont d’avis que les peines de cette sentence visent non seulement
Madame Adam, mais toutes les femmes jusqu’à la fin du monde.
Remarquons d’abord que si la première
femme avait su résister aux séductions du serpent, elle n’aurait pas enfanté
dans la douleur. Avant ce jour-là, elle était donc conformée d’une façon toute
différente de ce qu’elle fut à son premier accouchement. Par conséquent, en une
seconde, c’est-à-dire à l’instant même où il prononça son arrêt, Dieu
bouleversa de fond en comble l’organisme de la femme. On le voit, quand le
doigt de Dieu s’y met, il opère des choses étonnantes.
En second lieu, il est bon d’observer
que, malgré cette toute-puissance, Jéhovah n’est pas parvenu à rendre générales
les peines qu’il a édictées contre le sexe féminin : d’une part, il y a
beaucoup de femmes qui accouchent sans douleur ; d’autre part, celles qui
portent la culotte dans leur ménage, celles qui mènent leur mari par le bout du
nez, au lieu d’être sous sa domination, celles-là sont légion dans toutes les
classes de la société… »[14]
« Le plus terrible de la
sentence est la condamnation à mort. Il est vrai que l’ineffable Jéhovah oublie
ce qu’il avait décrété précédemment, c’est-à-dire qu’en cas de boulottage du
fruit défendu l’homme mourrait de mort le jour même du délit (Genèse, 2 :
17[15]). Ce
manque de mémoire de papa Bon Dieu valut au condamné un assez important
ajournement de l’exécution ; en effet, s’il faut en croire la Bible, Adam
vécut encore… 930 ans (Genèse, 5 : 5). »[16]
Pour finir, notons que l’inceste fut
obligatoire aux premiers temps de l’humanité. Et que la polygamie est
autorisée. Le vénérable Lamech en est le premier exemple dans la Bible.
Parmi les divers auteurs des livres
qui composent la Bible, il y en a deux en tout qui ont mentionné le
diable : l’auteur du livre de Job, d’après lequel le diable discute un
beau jour avec Dieu, dans le ciel : et l’auteur du livre de Tobie, qui
cite un certain démon Asmodée, amoureux d’une nommée Sara, dont il étrangle
successivement sept maris. Or, ces deux livres viennent tout à fait à la fin de
la Bible, et, pas plus dans ceux-ci que dans les autres, il n’est question de
Lucifer-Satan que les catholiques font intervenir à tout propos, pour pimenter
l’intérêt de leurs légendes. Nulle part, on ne trouve cette aventure, pourtant
si connue, de Lucifer se révoltant contre Dieu et vaincu par l’archange Michel.
Cela, comme tout ce qui a rapport au diable, a été inventé après coup, non
seulement après Moïse, mais même postérieurement à Esdras.
« C’est dans les prophéties
d’Isaïe, au chapitre XIV, verset 12, disent les tonsurés, qu’il est question de
Lucifer sous ce nom même, et ils citent le commencement du verset, mais en le
falsifiant au moyen de la traduction latine de saint Jérôme, dite la Vulgate.
Voici le passage en question. Dans ce
chapitre XIV, Isaïe, en bon juif furieux de ce que les Babyloniens ont tenu
longtemps sa nation en captivité, exhale sa patriotique colère et annonce au
roi de Babylone que son royaume subira à son tour la décadence et sera ruiné de
fond en comble :
Car
l'Eternel aura compassion de Jacob, et il choisira encore Israël ; il les
rétablira dans leur pays, et les étrangers se joindront à eux et s'attacheront
à la maison de Jacob.
Les
peuples les prendront et les ramèneront chez eux ; et la maison d'Israël se les
appropriera, comme serviteurs et servantes, dans la terre de l'Eternel ; et ils
feront captifs ceux qui les avaient faits captifs, et ils domineront sur leurs
exacteurs.
Et
il arrivera, au jour où l'Eternel te fera reposer de ton travail et de ton
trouble, et de la dure servitude que l'on t'avait imposée, que tu entonneras ce
chant sur le roi de Babel, et tu diras :
Comment
a fini le tyran, a cessé l'oppression ?
L'Eternel
a brisé le bâton des méchants, le sceptre des dominateurs, qui frappaient avec
fureur les peuples de coups sans relâche, qui tyrannisaient dans leur colère
les nations d'une persécution sans répit !
Toute
la terre est en repos, elle est tranquille, elle éclate en cris de joie ; les
cyprès mêmes et les cèdres du Liban se réjouissent à cause de toi :
Depuis
que tu es couché là, le coupeur ne monte plus contre nous !
L'enfer
là-bas s'est ému pour venir à ta rencontre ; il réveille pour toi les ombres,
tous les monarques de la terre ; il a fait lever de leurs trônes tous les rois
des nations.
Tous
ils prennent la parole et te disent :
Toi
aussi, tu es déchu comme nous, et te voilà semblable à nous !
On
a fait descendre dans les enfers ton faste et le son de tes instruments ; les
vers sont ta couche, et la vermine ta couverture !
Comment
es-tu tombé du ciel, ô Hélel, astre qui
te levais au matin ? Comment es-tu renversé en terre, toi qui foulais les
nations ?
Toi
qui disais en ton cœur :
Je
monterai au ciel, j'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu ; je
m'assiérai sur la montagne de l'assemblée, dans les profondeurs du septentrion
; je monterai sur les sommets des nues, je serai semblable au Très-Haut ! Te
voilà pourtant descendu aux enfers, dans les profondeurs de la fosse !
Ceux
qui te verront, fixeront sur toi leurs regards, te considéreront avec attention
:
Est-ce
là l'homme qui troublait la terre,
qui ébranlait les royaumes, qui réduisait le monde en désert, détruisait les
villes et ne relâchait pas ses captifs ?
Tous
les rois des nations, tous, reposent avec gloire, chacun en sa maison ; mais
toi, on t'a jeté loin de ton sépulcre comme un rameau qu'on méprise ; couvert
de morts égorgés par l'épée, précipités parmi les pierres de la fosse, comme un
cadavre qu'on foule aux pieds !
Il faut vraiment un toupet de
ratichon pour prétendre qu’Isaïe parlait de Lucifer-Satan dans ce chapitre XIV.
C’est bien du roi du roi de Babylone qu’il s’agit ; ce débordement de
colère, ce flot de menaces, tout cela est à l’adresse du roi de Babylone,
uniquement, exclusivement.
Maintenant, comment saint Jérôme
a-t-il opéré la falsification du texte ?... Gêné par la version grecque
des Septante, Jérôme a traduit la bible en latin, et, profitant de ce qu’Isaïe
compare accidentellement le roi de Babylone à l’étoile du matin, nommée Hélel (aurore) chez les juifs et Lucifer (porte-lumière) chez les
romains, il a écrit ainsi la première partie du verset 12 : Quomodo cecidisti de coelo, LUCIFER, qui mane oriebaris ? Comment es-tu tombé du ciel, Lucifer, toi
qui te levais au matin.
Et nos tonsurés, adoptant cette
traduction inexacte, se gardant bien de dire à leurs ouailles que le texte
original hébreu porte Hélel et qu’il s’agit du roi de Babylone comparé à
l’astre Vénus, étoile du matin, nos tonsurés, ayant soin de ne pas mettre le
reste du chapitre sous les yeux des gogos dont ils empochent le saint-frusquin,
s’écrient, avec des airs de triomphe : la chute de Lucifer est mentionnée
dans la Bible ! Isaïe en a parlé !
Comme aplomb, c’est raide… Or, dans
ce même chapitre, au verset 28 Isaïe dit qu’il a prononcé en l’an où mourut le roi Achaz, soit en 723 avant Jésus-Christ.
Même en supposant qu’Isaïe n’ait pas
écrit sa prophétie après coup, il faut bien reconnaître que l’auteur parle au
futur, depuis la première ligne jusqu’à la dernière. Si donc cette chute du
Ciel s’appliquait à Lucifer-Satan, elle aurait eu lieu après la mort du roi
Achaz ! Et les prêtres catholiques disent ailleurs que c’est ce même
Lucifer, devenu diable, qui tenta Eve sous la forme du serpent ! Quelle
salade de contradictions !... »[17]
Aux esprits dégagés de la
superstition, il apparaît assez clairement que cette licencieuse rapsodie,
composée selon toute évidence pour exciter la chair, n’est rien autre qu’une
romance de harem oriental, dans le goût de l’époque.
Mais les théologiens, aussi bien
juifs que les catholiques, ne l’entendent pas ainsi !
Les premiers soutiennent mordicus que
le bien-aimé mis en scène par le poète est la personnification de Jéhovah, et
que l’épouse, la grande amie, représente la nation d’Israël.
Quant aux théologiens catholiques,
ils affirment avec le plus grand sérieux que ce poème érotique est le fruit
d’une inspiration sacro-sainte, un livre prophétique, où l’amour de
Jésus-Christ pour son Eglise et de l’Eglise pour son divin fondateur, qu’elle
regarde comme son époux, est peint sous des figures hardies, mais dont
l’obscénité, purifiée par son sens mystique, ne peut scandaliser que les
esprits malveillants.
Comme l’écrit Voltaire
« Puisqu’on regarde la Cantique des Cantiques comme une allégorie
perpétuelle du mariage de Jésus-Christ avec son Eglise, il faut avouer que
l’allégorie est un peu forte, et qu’on ne voit guère ce que l’Eglise pourrait
entendre quand l’auteur dit que sa petite sœur n’as pas de tétons. »
« Ne nous attristons pas sur
cette aventure plus grotesque que réellement lamentable. Plaignons les pauvres
gens à qui ces malheurs surviennent ; mais n’oublions pas que cet
accouchement misérable de Jésus était prévu et voulu par lui, que rien ne
l’obligeait à naître dans une écurie, et que c’est par un effet de son bon
plaisir que les témoins de ses premiers vagissements furent un bœuf et un âne.
Gardons donc notre compassion pour les infortunes plus sérieuses des humains en
butte à la guigne imméritée. »[18]
« Messire Satan eut une idée
bien bizarre : il résolut d’aller tenter le Christ.
Ce grand nigaud de Satan était tellement
contrarié par la naissance de ce Messie, venu au monde pour racheter
l’effroyable crime de la pomme, qu’il ne songea pas une minute à se tenir le
raisonnement suivant :
Si quelqu’un est impeccable, c’est à
coup sûr Dieu ; il est de toute impossibilité que Dieu se laisse aller à
commettre un péché. Je vais donc bêtement perdre mon temps avec ma stupide
tentation. »[19]
_
Jean, 5 : 1-7 : « Après ces choses, il y avait une fête des
Juifs ; et Jésus monta à Jérusalem. Or, il y a à Jérusalem, près de la porte
des Brebis, un réservoir d'eau, appelé en hébreu Béthesda, ayant cinq
portiques. Dans ces portiques étaient couchés une multitude de malades,
aveugles, boiteux, paralytiques, qui attendaient le mouvement de l'eau. Car un
ange descendait de temps en temps dans le réservoir et troublait l'eau ; celui
donc qui y entrait le premier après que l'eau avait été troublée guérissait, de
quelque maladie qu'il fût atteint. Or, il y avait un homme qui était malade
depuis trente-huit ans. Jésus, le voyant couché, et connaissant qu'il était
malade déjà depuis longtemps, lui dit : Veux-tu être guéri ? Le malade lui
répondit : Seigneur, je n'ai personne pour me jeter dans le réservoir quand
l'eau est troublée ; et pendant que je vais, un autre y descend avant
moi. »
« Tout le monde à Jérusalem
croyait à cette bonne histoire. Aussi les malades affluaient à la piscine de
Béthesda. Ils attendaient avec impatience le moment où l’eau du bassin se
mettait à bouillonner, et, convaincus que cette agitation était due à la main
d’un ange invisible, c’était à qui d’entre eux se précipiterait dans l’onde
merveilleuse.
Les esprits forts diront : les
propriétaires de la piscine de Béthesda étaient des farceurs passablement
rusés. La légende qu’ils avaient répandue dans le public, c’était eux qui
l’avaient fabriquée de toutes pièces. Le bouillonnement de l’eau de la piscine
était dû à l’arrivée subite des eaux thermales dans le bassin.
En effet, il est aujourd’hui reconnu
que les montagnes de Jérusalem renferment quantité de sources, soit
ferrugineuses, soit sulfureuses, les unes à la température ordinaire, les
autres thermales. La montagne sur laquelle était bâti le Temple, notamment,
contenait dans ses flancs un immense lac caché. On sait que ce réservoir gigantesque
a été célébré par l’antiquité comme une des merveilles de Jérusalem, et qu’il a
toujours été sa ressource pendant les longs sièges que la ville soutint. Voir à
ce sujet Tacite (Historiae,
V, 12).
Des religieuses appelées Dames de
Sion, en creusant les fondations de leur orphelinat de l’Ecce-Homo, ont
découvert d’antiques citernes et des sources abondantes qu’un aqueduc encore
intact conduisait sous l’enceinte du Temple.
Donc, concluront les sceptiques, la
grande merveille était la chose la plus simple du monde, et il est très aisé de
voir le truc. La piscine de Béthesda était alimentée en temps ordinaire par des
eaux non thermales ; puis, à de certaines époques, quand les propriétaires
de l’établissement avaient sous la main un faux malade suffisamment leste pour
être sur de sauter le premier à l’eau, ils lâchaient dans le fond du bassin une
source de température très élevées ; cette eau, se mêlant brusquement aux
autres, faisait bouillonner la surface de la piscine ; on criait à
l’arrivée de l’ange ; à la seconde même, le faux malade piquait sa tête et
ressortait en se proclament radicalement guéri. Les autres clients de la maison
se baignaient à leur tour, et, comme les eaux avaient en définitive des
propriétés médicales réelles, ils obtenaient un soulagement quelconque de leur
souffrances ; cela passait encore sur le compte du bouillonnement opéré
par l’ange, et chacun des malades, ainsi soulagés, s’en retournait avec cette
conviction que, s’il avait eu la chance d’arriver bon premier, sa guérison
aurait été complète. […]
Quant aux miracles, on n’en a jamais
plus entendu parler. De nos jours, les malades du pays vont se faire soigner
ailleurs et considéreraient comme du temps perdu celui qu’ils passeraient à
attendre qu’un ange vienne remuer les eaux de la piscine. En effet, les anges
maintenant ne se dérangent plus. Et si, vous, madame, qui me lisez, vous
demandiez à votre ange gardien de vouloir bien pressez le petit sac de son dans
votre baignoire, il vous rirait au nez. Ces êtres célestes, jadis si empressés
pour les humains, n’ont plus à présent envers eux aucune complaisance. C’est
désolant.
Autre était le bon vieux temps de la
Bible et de l’Evangile… »[20]
« Les hypocrites, eux, ne
peuvent pas donner un sou, sans se faire précéder d’une trompette qui sonne
leurs bienfaits. Pas de ça chez nous ! S’il nous arrive jamais de rendre
service à un malheureux, agissons en secret ; que notre main gauche ne
sache pas ce qu’aura fait notre main droite.
_ Pardon, aurait dut observer Pierre.
Ce précepte est très beau ; mais quand l’appliquerons-nous ? Jusqu’à
présent, c’est toujours nous qui avons demandé l’aumône aux autres, et comme
notre métier actuel est loin d’être lucratif, je ne vois pas trop le moment où
nous pourrons exercer notre générosité d’une manière discrète.
_ Cela ne fait rien, répliqua sans
doute Jésus ; puisque je vous prêche, il faut bien que je dise quelque
chose !... »[21]
« Les quelques bons préceptes
qui sont jetés ça et là dans la doctrine du Christ ne s’y trouvent que pour
faire passer le reste et ne sont jamais mis en pratique. Voyez les catholiques
de tout temps. Sont-ils discrets dans leurs aumônes ? Non, leurs œuvres de
charité ont des bulletins imprimés qui publient les moindres dons faits par
eux.
Ont-ils le mépris des richesses ?
Non, leur églises ne contiennent que métaux et objets précieux, leurs évêques
se couvrent de bijoux, etc. »[22]
_ Luc, 15 :
26 : « Si quelqu'un vient à moi, et ne hait pas son père et sa mère
et sa femme et ses enfants et ses frères et ses sœurs et même, de plus, sa
propre vie, il ne peut être mon disciple. »
_
Luc, 16 : 9 : « Et moi aussi je vous dis : Faites-vous des amis
avec les richesses injustes, afin que lorsqu'elles vous manqueront, ils vous
reçoivent dans les tabernacles éternels. »
Un peu d’humour tout d’abord :
« Veillez et priez, afin de ne pas tomber dans la tentation, dit Jésus à
ces disciples qui s’étaient endormis.
Pierre aurait pu répliquer :
_ Si nous dormons, nous ne risquons
pas d’y tomber… »[23]
« Comme il aurait été beaucoup
plus simple que Jésus ne s’insinuât pas dans la peau d’un homme et qu’Il
pardonnât tout uniment à l’humanité l’horrible crime de la pomme croquée au
paradis terrestre !
Jésus se serait ainsi épargné cette
semaine désagréable, cette Passion sur laquelle messieurs les curés dépensent
toute leur éloquence à nous attendrir. […]
Ne plaignons donc pas l’être
mythologique de Nazareth, qui, au dire même de la fable catholique, n’a
souffert que parce qu’il l’a voulu et comme il l’a voulu, et réservons notre
pitié pour les souffrances authentiques des malheureux en chair et en os que
nous rencontrons à chaque pas de la vie matérielle. »[24]
« Des docteurs du catholicisme,
pour attendrir les masses, parlent d’une flagellation horrible : Jésus,
dépouillé de ses vêtements, mis à nu jusqu’à la ceinture, attaché à une
colonne, déchiré à coups de corde, de verges et de nerfs de bœuf. On pourrait
leur répondre que les tortures de l’Inquisition ont été bien autrement épouvantables
que la flagellation du Christ, à qui on n’a arraché aucun membre, dont on n’a
pas broyé les os dans les tenailles, qu’on n’a pas inondé d’huile bouillante ou
de plomb fondu, à qui l’on n’a pas brûlé les seins avec de la poix enflammée,
dont on n’a pas rétréci le crâne avec un étau spécial, à qui l’on n’a pas versé
de pleins arrosoirs d’eau, goutte à goutte, dans la bouche tenue ouverte par un
appareil, et garnie d’une éponge ou d’un linge fin ; on pourrait dire
encore que les prêtres juifs ne coupèrent pas les poignets à Jésus, ne lui
écrasèrent pas les pieds dans des brodequins de torture, ne lui découpèrent pas
sur le dos des lanières de chair, ne l’assirent pas sur un tabouret à pointes
aiguës, ne lui disloquèrent pas les bras, ne le suspendirent pas par les
ongles ; l’homme de Nazareth, qui était en même temps dieu, qui avait sa
nature divine à sa disposition pour ne rien endurer si ses souffrances avaient
excédé les forces humaines, souffrit donc moins que les martyrs de la
libre-pensée, tourmentés par les prêtres catholiques. »[25]
« Il s’agit, n’est-ce pas ?
d’une tache qui noircit notre âme et que nous apportons tous en naissant. Avant
le crucifiement du Christ, les hommes, ayant l’âme noire dès le sortir des
entrailles maternelles, étaient condamnés à ne pouvoir entrer dans le ciel.
V’lan ! Jésus s’offre le luxe d’une crucifixion au Calvaire, et, dès lors,
le péché originel disparaît de l’humanité ; pas plus de tache sur les âmes
des bébés que si Adam et Eve n’avaient jamais croqué la pomme.
Voilà du moins ce que vous vous
dites, vous autres, lecteurs impies. Eh bien, ce n’est pas cela du tout.
L’humanité n’est pas plus avancée après la Croix qu’avant ; la tache
originelle subsiste sur les âmes des bébés, tout comme si le Christ ne s’était
pas fait crucifier.
En effet, que nous enseigne le
catéchisme ?
Que sans le baptême nous ne pouvons
pas entrer au ciel. C’est donc le baptême, invention de Jean-Baptiste rééditée
par Jésus, qui efface la fameuse tache noire.
A cette objection, les curés répondent :
oui ; mais si Jésus n’avait pas été cloué à une croix, le baptême n’aurait
aucune efficacité.
Très bien, monsieur l’abbé ;
mais alors, ne venez plus nous conter, d’autre part, que Jésus est mort pour
l’humanité tout entière. La réalité, d’après votre légende, s’entend, est qu’il
s’est fait crucifier uniquement et exclusivement pour les particuliers qui
auront la chance de rencontrer dans leur existence quelqu’un qui leur versera
de l’eau sur le front.
Si bien qu’un malheureux moutard, qui
naîtra et mourra aussitôt, sans que personne ait eu le temps de le baptiser,
sera privé pour l’éternité des voluptés paradisiaques ; pour ce pauvre
bébé, ce sera comme si le sang de l’agneau n’avait jamais coulé. Et vous dites
que le père Sabaoth est un dieu juste ? Que voilà un vilain mensonge,
monsieur le curé ! »[26]
« Au XVe siècle déjà, les
saintes qui inspiraient Jeanne d’Arc étaient en réalité des esprits de mensonge
puisque, du propre aveu de l’Eglise romaine, ni Sainte Catherine d’Alexandrie
ni Sainte Marguerite n’ont jamais existé. […]
Et quelle pauvreté dans le contenu
des messages ! Quand la Vierge apparaît, non seulement elle ne résout
rien, elle n’évoque même pas les questions importantes, mais elle ne s’occupe
que de futilités : érection d’une chapelle, récitations de chapelets,
dessin d’une médaille… »[27]
« Lorsque les croyants croient,
ils sont naturellement persécuteurs : tout homme qui se permet de prêcher
une autre foi que la leur ne peut être à leurs yeux qu’un assassin des âmes. Un
chrétien tolérant, c’est un chrétien qui pense qu’il n’est pas nécessaire de
croire au christ pour être sauvé. Ce n’est donc plus un chrétien. De même pour
un juif, s’il estime n’être rien de plus qu’un Palestinien, ou pour un
musulman, s’il croit que le Paradis est ouvert aux athées… Quand un croyant
devient humain et raisonnable, c’est qu’il n’est plus croyant, c’est qu’au fond
de lui-même, il a pris acte de la mort de Dieu. »[28]
Vivant, l’homme ne peut
admettre qu'un jour viendra où il ne sera plus, où sa personne aura
totalement disparu, où tout continuera sans lui. Il ne peut admettre davantage
la totale disparition des êtres qui lui sont chers. Pour parer à ce sort
inéluctable, et devant l'impossibilité de nier la destruction
matérielle du corps, l'homme s'est inventé un principe
immatériel et indestructible ; il a imaginé qu'après la mort du
corps l'âme continuait à vivre, d'une vie et dans un domaine d'ailleurs
assez mal définis et variant avec chaque peuple, chaque religion. Les spirites
prétendent même entrer en communication avec ces âmes.
Ainsi se satisfait le
double désir de tout homme : persister dans son être et retrouver les êtres qui
lui sont chers. Personne ne se soucie de trop approfondir cette croyance. Si l'âme
est immortelle, elle devait aussi exister avant la naissance ! Or, nul n'a
de souvenirs d'une vie antérieure ; et si la vie future exclut également tout
souvenir, rien ne la distingue de l'anéantissement.
D'autre part, cette
immortalité est-elle absolue ou temporaire ? Si elle est absolue, comment
imaginer la coexistence des milliards d'êtres qui ont déjà peuplé la
planète et la peupleront encore, avec toutes les imbrications que cela comporte
? Si elle est transitoire, la solution n'est qu'ajournée.
Mais on a scrupule à introduire de la
logique dans un domaine purement affectif. C'est un fait que depuis
l'origine de l'humanité l'homme a pris soin de
ses morts en vue d'une vie d'outre-tombe. Le rationalisme qui
détruit cette illusion va-t-il donc mériter la réputation qu'on lui
fait d'être stérile et desséchant ? Non, car il enseigne lui aussi
que l'homme ne périt pas tout entier. « Il ne périt pas tout
entier, dit un proverbe, celui qui a bâti une maison, planté un arbre,
fait un enfant ». Chacun de nous, si modeste que soit son rôle, et par le
seul fait de son existence, contribue à la marche millénaire de l'humanité.
Il n'y a pas d'autre immortalité. Le nom même d'Alexandre
périra.
Adhésion à une croyance, dont on
admet la vérité sans démonstration par conviction intime. On peut avoir foi en
toutes sortes de dogmes, mais c'est à l'occasion des croyances religieuses que
la foi se manifeste avec le plus de violence et d'intransigeance.
Les auteurs chrétiens font de la foi,
non seulement une vertu nécessaire au salut, mais aussi un mode de
connaissance. L'Eglise distingue, avec Thomas d'Aquin,
les vérités qui sont accessibles à la raison et celles qui, dépassant la
raison, doivent être admises sans preuve.
Pascal a présenté avec force la
défense de cette doctrine.
L'esprit de l'homme étant trop
faible pour y arriver par ses propres
efforts, il ne peut parvenir à
ces hautes intelligences s'il n'y est porté par une force toute puissante et surnaturelle.
La foi ne dépend donc pas de la raison,
mais de la volonté : l'homme croit ce qu'il veut croire.
« La volonté est un des principaux organes de la créance ». Il suffit
donc de se disposer à croire, de faire les gestes nécessaires, « en prenant
de l'eau bénite... Naturellement cela vous fera croire
et vous abêtira ». Pascal a très bien vu que la foi relève du
sentiment, et compris le rôle des éléments corporels et du geste dans la genèse
des émotions.
Comment expliquer cependant, dans une
doctrine qui rapporte à Dieu l'origine de la raison humaine, que
certaines vérités restent inaccessibles à la raison ? C'est
que Dieu a justement voulu nous les cacher, en se cachant lui-même : « Il s'est caché à leur connaissance, et c'est même le nom qu'il se donne dans
les Ecritures. Deus absconditus ». Il faut donc croire sans chercher
à comprendre : cette obligation est imposée comme conséquence du péché
originel.
Certainement rien ne nous heurte plus rudement que cette doctrine ; et
cependant sans ce mystère, le plus incompréhensible de tous, nous sommes incompréhensibles
à nous-mêmes.
On justifie donc un incompréhensible
par un autre. Personne n'a jamais présenté avec tant de force le
mépris de la raison.
Il faut bien admettre au moins l’intervention
de la raison pour discerner s'il existe une religion véritable. Car
il n'y a pas qu'une foi religieuse, et chaque Eglise cherche à imposer la
sienne à coups d'anathèmes. L'adhésion à une religion dépend le plus souvent du
milieu et de l'éducation. Beaucoup restent fidèles à la foi qu'on
leur enseigna dans leur enfance, car cette empreinte est durable : la foi
relève beaucoup plus du subconscient que de la conscience claire.
On ne saurait contester que la foi
soit, pour le croyant, une aide morale et un réconfort. Dans certains cas, elle
peut conduire à des états extrêmes comme l'expérience mystique, et c'est
elle qui fait les martyrs.
Inversement, la foi obscurcit ou
paralyse la raison. De grands savants (Richet, Crookes, Flammarion) ou des
philosophes (W. James, Bergson) ont adhéré à des croyances naïves comme le
spiritisme, et fait tourner des tables, comme Victor Hugo. Le conflit entre la
foi et la raison ne trouble généralement pas le croyant, qui se refuse à
soumettre l'objet de sa croyance au critère de la raison, et
maintient une division étanche entre ces deux parties de son esprit. Certains
refusent même de s'informer, de crainte de perdre leur foi.
La foi est volontiers intolérante,
elle a causé des guerres et provoqué de nombreux massacres. Il est plus facile
d'exterminer ceux qui ne partagent pas notre croyance que de les
convaincre.
Cependant les manifestations de la
foi peuvent être contagieuses et provoquer des conversions : ce phénomène
s'observe surtout sous l'empire de fortes émotions, dans le cadre de la
psychologie des foules.
Sous l'influence des idées
philosophiques de tolérance, les Eglises ont dû renoncer aujourd'hui
à persécuter ceux qui ne partagent pas leur foi. L'Eglise catholique
tend même à admettre que Dieu pourrait sauver tous les hommes de « bonne
foi », quelle que soit leur croyance ; mais alors la foi devient inutile.
Combien d'hommes ont été brûlés pour avoir enseigné cette doctrine ?
[1] Pierre Gripari, page 59.
[2] Et Isaac appela Jacob et
le bénit, et il lui donna cet ordre : Tu ne prendras pas pour femme une des
filles de Canaan.
Lève-toi, va en Paddan-Aram chez Béthuel, père de ta mère, et prends-toi une
femme de là, d'entre les filles de Laban, frère de ta mère.
[3] H.E. DEL MEDICO : L'énigme des manuscrits de la Mer Morte (Paris - 1957) p. 23 et suiv.
[4] Pierre Gripari, page 27.
[5] Pierre Gripari, l’Histoire du méchant Dieu, page 25.
[6] Léo Taxil, La Bible amusante, pages 517-519.
[7] Léo Taxil, La vie de Jésus, page 24.
[8] Léo Taxil, La Bile amusante, page 97.
[9] Pierre Gripari, page 42.
[10] Pierre Gripari, page 52.
[11] Pierre Gripari, page 52.
[12] Léo Taxil, La Bible amusante, page 32.
[13] Léo Taxil, La Bible amusante, page 47.
[14] Léo Taxil, La Bible amusante, page 52.
[15] « Mais de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n'en mangeras pas, car au jour où tu en mangeras, tu mourras certainement. »
[16] Léo Taxil, La Bible amusante, page 53.
[17] Léo Taxil, La Bible amusante, pages 84-85.
[18] Léo Taxil, La vie de Jésus, page 28.
[19] Léo Taxil, La vie de Jésus, page 64.
[20] Léo Taxil, La vie de Jésus, page 135.
[21] Léo Taxil, La vie de Jésus, page 156.
[22] Léo Taxil, La vie de Jésus, page 158.
[23] Léo Taxil, La vie de Jésus, page 306.
[24] Léo Taxil, La vie de Jésus, pages 271-272.
[25] Léo Taxil, La vie de Jésus, pages 329-330.
[26] Léo Taxil, La vie de Jésus, pages 336-337.
[27] Pierre Gripari, page 134.
[28] Pierre Gripari, page 135.