Avortement
Bibliographie : ouvrage à acheter et
lire absolument :
Kaplan Francis, L’embryon est-il un être vivant ?, Editions du Félin, 2008, 98
pages.
Présentation
de l'éditeur
Jusqu'au milieu du XIXe siècle, l'Église
catholique ne considérait pas un avortement fait avant le quarantième jour
comme un homicide. Depuis, la situation a changé et l'embryon est devenu le
symbole de nombreuses crispations, à la fois scientifiques et religieuses.
S'appuyant sur les dernières avancées de la biologie, Francis Kaplan tord le
cou à de nombreuses idées largement répandues : non, l'embryon n'est pas un
être vivant et humain en puissance puisqu'il dépend de sa mère pour se
développer. Voici un essai qui remet les pendules à l'heure de la science et de
l'épistémologie.
Avis
Rationalisme :
Le meilleur ouvrage sur la question. Clair, net, et précis.
Vous pouvez
également lire cet entretien avec l’auteur, sur son livre :
http://www.francis-kaplan.com/entretien-embryon.html
ou
ce bon compte-rendu :
http://www.laviedesidees.fr/L-embryon-est-il-une-personne.html
Pour les fainéants, voici
un extrait de cet entretien, avec le cœur de l’argument de l’auteur :
L.F. : Ne peut-on dire du moins qu’un
embryon est un être vivant en puissance et que détruire un être vivant en puissance
est presque aussi grave que de tuer un être vivant « en acte », puisqu’un être
vivant en puissance, si on ne le détruit pas, deviendra nécessairement, sauf
accident intercurrent, un être vivant « en acte »?
F.K. : Nécessairement, comme vous
dîtes, c’est-à-dire en particulier par lui-même, c’est-à-dire tel que le
passage de l’état d’être un être vivant en puissance à l’état d’être un être
vivant « en acte » ne s’explique que par des facteurs internes. Une feuille de
papier ne devient un dessin que par l’intervention d’un facteur externe au
papier — le dessinateur — et personne ne pensera que détruire une feuille de
papier est presque aussi grave que de détruire un dessin. Un gland est en
puissance un chêne, car le sol dans lequel il est planté ne joue qu’un rôle
nutritionnel, que son passage de l’état de gland à l’état de chêne n’est dû
qu’à des facteurs internes au gland. On pense qu’il en est de même de
l’embryon. En réalité, il n’en est pas ainsi : les travaux scientifiques les
plus récents, en embryologie, — dont on n’a pas encore mesuré toute la portée —
montrent le rôle nécessaire de la mère. Ce n’est pas l’embryon qui se
développe, c’est la mère qui le développe. Significatif est ce que déclare un
des auteurs de ces travaux : c’est la mère « qui via la production de la
sérotonine périphérique dans le sang dicte, durant plus de la moitié de la
gestation, le développement neurologique et la viabilité future de l’organisme
qu’elle porte ». On n’a jamais réussi à obtenir un développement de l’embryon
en se bornant à le mettre dans un milieu seulement nutritif ; on n’obtient
qu’une multiplication désordonnée des cellules. Ce qui est en puissance, c’est
donc la mère — en puissance de donner naissance à un être vivant — et non
l’embryon.
Argument FAUX: "Dès la 7e semaine, l'embryon peut ressentir la
douleur"
L'argument selon lequel les embryons sont de
petits êtres faibles à protéger est totalement fallacieux. Les délais de
l’avortement (interdit au-delà de trois mois en France) visent justement à extraire
le fœtus à un stade embryonnaire, c’est à dire quand le cerveau n’est pas
encore développé, donc sans conscience
Dès la 8ème semaine après la fécondation, des
irritations peuvent provoquer des mouvements réflexes de l’embryon. A 18
semaines, on a observé des réactions hormonales du stress. Les réactions ou les
perceptions conscientes (perception de la douleur par exemple) sont toutefois
impossibles avant la 24ème semaine, l’écorce cérébrale fœtale (cortex) n’étant
pas fonctionnelle avant. Il n'existe pas non plus d'ondes cérébrales régulières
avant ce stade du développement.
Pour qu’il y ait potentialité d'une perception
quelconque, il faut qu’il existe un minimum de cellules du cerveau dans le
cortex, que ces cellules aient atteint un certain stade de développement et
qu’un certain nombre de synapses (connexions entre les cellules) se soient
formées. Entre la 24ème et la 30ème semaine, on observe un développement très
rapide des synapses.
"Le cervelet n’atteint sa configuration
finale qu’au 7ème mois. L’enveloppe (myélinisation) de la moelle épinière et du
cerveau ne commence à se former qu’entre la 20ème et la 40ème semaine de
grossesse. Ces développements du système nerveux doivent exister pour que le
fœtus perçoive la douleur" (Déclaration de la société de gynécologie
américaine). "L’écorce cérébrale n’est pas fonctionnelle avant la 26ème
semaine. En tout cas, il est inexact de parler d’une «perception» ou d’une
«réaction consciente» du fœtus." (Maria Fitzgerald, prof. de neurobiologie,
Londres).
Pour que le fœtus puisse percevoir ou avoir
conscience de la douleur, il faut que l'information sensorielle puisse être
transférée vers le thalamus et le cortex cérébral. Ce n'est pas possible avant
la 24ème semaine. L'absence de connexions dans le cortex signifie que la
perception de la douleur n'est pas possible avant 24 semaines.
Sources
www.embryology.ch
Contrairement à ce qu’affirment les
anti-avortement, il n’existe pas, selon la science, de syndrome post-IVG à
proprement parler. Plusieurs études, compilant les recherches réalisées depuis
trente ans, décrivent à l’inverse des troubles psychiques (anxiété,
dépression…) présents avant l’avortement et qui s’estompent rapidement une fois
l’acte réalisé. L’anxiété, symptôme principal de l’avortement selon plusieurs
recherches, est ressentie surtout avant l’interruption de grossesse. Elle
diminue dans les semaines suivant l’acte et trois mois après, près de 80 % par
les femmes se sentent soulagées.