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Critique rationaliste de l'Alchimie

 

L'Alchimie se présente comme une recherche expérimentale et une doctrine initiatique, l'une et l'autre s'efforçant de préparer et d'atteindre un certain état de perfection de l'homme.

Confusion de pratiques expérimentales et de théories mystiques, elle s'affirme comme la "synthèse positive de la connaissance humaine".

Postulant l'existence d'une science supérieure dans la plus haute antiquité, elle s'efforce d'en retrouver les connaissances perdues, mais sans intentions culturelles.

D'une part, en effet, les initiés seuls auraient la révélation de ce savoir et s'interdiraient de le diffuser, et d'autre part ses adeptes n'en sauraient profiter, l'initiation alchimique ne visant essentiellement qu'à provoquer "l'épuration de l'âme, la métamorphose mystique de l'esprit" (serge Hutin), "la conquête de la lumière divine" (René Guénon), qui, de toute évidence, réclament peu de science!

Les doctrines alchimiques ont connu de nombreuses variations au cours de l'histoire, conservant toujours un certain nombre de principes généraux. Parmi ceux-ci on citera :

_ Ce qui est en bas est semblable à ce qui est en haut.

_ La matière a double nature, active et passive, mâle et femelle.

_ Tout est vivant, le monde est peuplé d'esprits, la Pierre philosophale confère à l'homme des pouvoirs surhumains.

_ Par la Grand Œuvre, l'homme se débarrasse de la chair corruptible sans passer par la mort, il communie avec Dieu, il s'identifie avec lui.

Les exigences de la pensée moderne ne laissent pas pressentir que de tels principes puissent aboutir à une claire synthèse philosophique et il faut savoir gré au "Dictionnaire des sciences occultes" de Marianne Verneuil de reconnaitre que "l'enseignement alchimique est devenu une caricature chimico-nébuleuse".

Doit-on au moins porter à l'actif de l'alchimie d'avoir été la mère de l'Alchimie ? On le répète souvent, même dans des cercles scientifiques, où l'on envisage la théorie alchimique de la transmutation des éléments comme la préfiguration de la physique atomique.

C'est oublier que l'idée de l'unité de la matière, que postule la thèse de la transmutation, n'est pas propre aux alchimistes, de nombreux philosophes grecs et hindous l'ont soutenue avant eux, c'est ne pas tenir compte surtout que la physique et la chimie se sont constituées contre les théories alchimiques, malgré ces théories.

 

L'image de l'alchimiste dans son laboratoire ne doit tromper personne. Certes ce sont des alchimistes qui ont trouvé l'acide sulfurique, l'antimoine ou le phosphore et mis au point un certain nombre de procédés mécaniques.

Mais ces découvertes et ces agencements relèvent de techniques empiriques, la science n'est pas en jeu.

La méthode scientifique - ignorée des alchimistes - est tout à fait distincte des méthodes alchimistes, qui offrent un curieux mélange de magie, d'astrologie, d'énoncés cabalistiques et de bricolage. La recherche alchimique ne s'inquiète pas de dégager les relations entre les phénomènes, de les mesurer et de les inclure dans des théories génératrices de nouvelles investigations, elle ne sait qu'appliquer des préceptes rituéliques conduisant à des purifications de substances, complètement vidées de leur nature chimique, considérées uniquement comme expression de qualités vitales et occultes préparant le Grand Œuvre.

En contradiction complète avec la méthode scientifique, ces conceptions ne pouvaient qu'en entraver la naissance. C'est ce qui s'est produit en effet. "Elles ont constitué un formidable obstacle à l'édification d'une science" (Alexandre Colson).

 Alors que les savants du XVIIIe siècle étaient en possession de moyens techniques suffisants, ils échouèrent souvent dans leurs recherches, entravés qu'ils étaient par le respect de principes alchimiques, qui les engageaient dans des impasses.

Gaston Bachelard à qui l'on doit une étude serrée de ces multiples tâtonnements, conclut sévèrement :"L'alchimie, répétons le, ne prépare nullement à la chimie, elle l'entrave".

Les découvertes dont on fait gloire aux alchimistes sont dues au hasard de leurs manipulations, elles résultent de leurs mises en œuvre de procédés simples (calcination, décantation, etc.) qui ne doivent rien à l'alchimie, cette science mystérieuse, disait Roger Bacon, "qui permet de gouter aux fruits du paradis".

Soutenir encore, comme le répètent périodiquement des organes occultistes, que dans la documentation alchimique "inexplorée" on peut trouver des idées neuves, des "leçons" pour notre temps, c'est abuser étrangement, c'est surtout abuser le public trop confiant.

 

Les adeptes des sciences occultes ont beau jeu de citer parmi leurs ancêtres quelques génies des temps passés. Ils oublient, ce faisant, de préciser que l'intérêt de ces génies pour l'occultisme ne fut généralement qu'un intérêt passager; celui que doit avoir tout esprit curieux.

(Article tiré du "Dictionnaire Rationaliste", Editions de l'Union Rationaliste, 1964, pages 12-13, écrit par Robert Imbert-Nergal).