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Réponse zététique à Hassen Occident : les races humaines existent-elles ?

 

Sommaire

Introduction. 2

Pour ceux qui veulent approfondir la question, quelques indications bibliographiques : 2

I] Ce que la génétique nous apprend sur les "races". 3

II] Réponse aux objections. 5

1) L'exemple d’Homo Heidelbergensis: Le concept de subdivision biologique pour Hassen, il nomme cela la race. C’est l’étape intermédiaire du processus de spéciation. 5

2) L'argument de la distance génétique (Fst) de Cavalli Sforza en 1994. 7

3) L'étude de 2006 de Guido Barbujani et Elise Belle: les frontières génomiques. 8

4) Le processus d'introgression génétique (gène Neandertal pas présent chez les homo sapiens africains) 10

5) Le génome entre chaque individu est identique à 99,9 %. Or l’homo sapiens européens a 2% de gènes néandertaliens. Donc comment un homo sapiens d’Afrique (qui n’a pas de gènes néandertalien) peut il avoir 99,9 % de gènes identiques avec un homo sapiens européen ?. 11

6) Autre argument d’un pro-Hassen : on a que 99,9% de différence génétique entre individus. Comment peut-on alors avoir 5% de différence entre les populations de différents continents ?. 13

7) Autre argument d’un pro-Hassen : des études montrent que les différences génétiques sont plus importantes chez les Africains qu'entre les Africains et les Eurasiens (exemple http://www.genetics.org/content/161/1/269.full). Comment peut-on avoir alors que 5% de différence entre africains et eurasiens ?. 13

8) L’argument du : on observe 25% de différence génétique entre sous espèces de chimpanzés, et 25% à 30 % entre races de chiens, cela pourrait faire que 25% pourrait servir d’étalon pour parler de Race : Ca serait un mauvais argument, car quelques gènes suffisent pour avoir de très fortes modification phénotypiques (donc même si on a que 1 ou 5 % de différences génétiques entre les populations, ca pourrait suffire pour marquer une différence majeure, et parler de Race). De même que si on a que 1,5 % de différence entre homo sapiens et le chimpanzé, ca veut dire que très peu de différences génétiques suffisent à faire des espèces différentes. 14

9) Autre argument d’un pro-Hassen : Beaucoup d’antiracistes, ou de ceux qui disent que les races n’existent pas, affirment qu’il n’y a pas de marqueur spécifique à une population. Ainsi, pour André Langaney : "Il n'y a pas de marqueur génétique de la race. On n'a jamais pu en isoler un qui soit présent, par exemple, chez tous les “Noirs” et absent chez tous les “Blancs”. 19

10) Argument d’Henry de Lesquen : certes, on n’a pas un groupe sanguin pour chaque race, sa répartition n’étant pas la même dans toutes les populations, mais on a trouvé depuis de nombreux marqueurs, plus spécifiques, qui n’apparaissent que dans une seule race : par exemple, pour le groupe sanguin Diego, l’allèle A est propre à la race jaune ou mongoloïde ; pour le groupe sanguin Duffy, l’allèle O n’existe que chez les noirs. 19

11) La pertinence du concept de race. 19

12) Pourquoi des biologistes utilisent encore le concept de races, même aujourd'hui?. 20

 

 

Introduction

 

Sur sa chaine youtube, "Hassen Occident" affirme que les races humaines existent, et que c'est la science qui le dit.

Comme on va le voir, ce n'est pas du tout ce qu'affirme la science.

Notons tout d'abord les points positifs dans la démarche d'Hassen : Il a suivie en ligne les cours au Collège de France des paléontologues Michel Brunet et Jean Jacques Hublin. Il lit des ouvrages de biologie et paléontologie, recommande la lecture de l'ouvrage du biologiste Richard Dawkins "Le gène égoïste", bref, il étudie la théorie de l'évolution, et n'est pas créationniste, ce qui est rare dans le milieu dit "Dissident", nationaliste, etc.

Enfin, il reconnait que la science a mis fin à la théorie de l'origine multirégionale de l'homme moderne (Homo Sapiens).

Malgré le fait que l'homme moderne à une origine commune africaine, et Hassen le reconnait, il affirme cependant que cela ne remet pas en cause l'existence de races humaines, qu'on a "jeté le bébé avec l'eau du bain".

Nous allons donc voir dans une première partie ce que la science et plus particulièrement la génétique nous apprend sur ce sujet, et dans une deuxième partie nous allons répondre à des objections qui ont été faites par Hassen et par certains de ses partisans, à notre première réponse. Cette première réponse était la première partie de ce texte, et que nous remanions donc en intégrant une deuxième partie, pour répondre aux objections qu'on a pu nous faire. Beaucoup d'éléments de cette deuxième partie sont le fruit du travail que j'ai effectué, dans le cadre d'une réponse commune avec les youtubeurs "Penseur Sauvage" et "Gigantoraptor", à la vidéo d'Hassen intitulé "Réponse à Aurélien Enthoven : l'existence des races humaines du point de vue scientifique", et qui a donné lieu à cette réponse écrite de notre part :

https://docs.google.com/document/d/17cIvCJFpgUpZm-xHodsJcGqbq6eehkq_VHxcFi4XwhI

 

Pour ceux qui veulent approfondir la question, quelques indications bibliographiques :

 

_ Conférence d’Evelyne Heyer (généticienne, professeur au Muséum national d’Histoire naturelle) de mai 2017, intitulé "Des races et des Hommes : le point de vue de la génétique" : https://www.youtube.com/watch?v=WQwzEKFdTL4

_ Evelyne Heyer (sous la direction de), Une belle histoire de l'Homme, Flammarion, 2015.

_ Bertrand Jordan (biologiste moléculaire), L'Humanité au pluriel - La génétique et la question des races, Le Seuil, 2008.

_ Stephen Jay Gould (paléontologue américain, professeur de géologie et d'histoire des sciences à l'université Harvard), La Mal-Mesure de l'homme, Odile Jacob, 2009.

_ Robert Thomas Boyd, Joan Silk, L'aventure humaine : Des molécules à la culture, Editions de Boeck supérieur, 2003.

_ Luca Cavalli-Sforza (professeur de génétique à l'Université Stanford, aux Etats-Unis), L'Aventure de l'espèce humaine: De la génétique des populations à l'évolution culturelle, Odile Jacob, 2011.

_ Jean Chaline (paléontologue et biologiste), Généalogie et Génétique la Saga de l'Humanité Migrations Climats et Archéologie, Ellipses Marketing, 2014.

_ Jean-Jacques Hublin (Dirige le département d'Évolution humaine à l'institut d'anthropologie évolutive Max Planck de Leipzig), Quand d'autres hommes peuplaient la Terre : Nouveaux regards sur nos origines, Flammarion, 2011.

_ Pascal Picq (paléoanthropologue au Collège de France), Premiers hommes, Flammarion, 2018.

 

I] Ce que la génétique nous apprend sur les "races"

 

_ On a pas 1 groupe sanguin pour chaque "Race".

_ Seul 1 à 2 % de l'ADN humain est différent du Chimpanzé.

_ On a seulement 1/1000 de différence d'ADN entre 2 humains : on est identique à 99,9 %.

_ 98% de ces différences n'a aucun effet phénotypique.

_ Il n'y a que 5% de différence génétique entre les populations humaines.

_ Chez les chimpanzés, la différence entre sous-espèces de chimpanzés est de 25%! Chez les gorilles : 31 %.

_ La différence génétique entre différentes races de chiens est d'environ 30 %. (Sachant que ces races de chien est une sélection artificielle faite par l'homme à partir d'un ancêtre commun loup).

_ Cette différence de 25 ou 30 % pourrai donc servir d'étalon, pour définir le seuil à partir du quel on pourrait définir des races.

_ L'origine africaine de l'homme moderne: Homo Sapiens est sortie d'Afrique il y a environ 200 000 ans. Plus on s'éloigne de l'Afrique, moins on a de diversité génétique. La distance géographique et la distance génétique est liée. C'est un gradient continu. La diversité génétique décroit quand on s'éloigne d'Afrique. Le séquençage du génome humain, achevé en 2003, a montré que toutes les "lignées se branchent bien sur le rameau africain", affirme Jean-Jacques Hublin. Avant de préciser que la biologie moléculaire conforte aussi le mouvement migratoire: "Les chercheurs ont clairement montré que plus les populations se trouvent géographiquement loin de l'Afrique et moins elles ont de diversité génétique."

_ A l'échelle de la planète, la diversité est lié à la géographie. Deux raisons : l'histoire de la colonisation de la planète, et les échanges de proches en proches.

_ A l'échelle plus fine, on voit nettement l'influence de la culture. Les travaux récents montrent que c'est la différence de culture qui entraine des différences génétiques et pas l'inverse. Voir pour cela une autre vidéo d'Evelyne Heyer, intitulé "Évolution et diversité génétique de notre espèce : rôle de l’interaction entre culture et génétique" :

https://www.youtube.com/watch?v=eczFLQFgsQE

_ Les différences de couleurs de peau sont liés aux différences de latitude. 10 Gènes seulement dont la variation explique les différences de couleurs.

Conclusion :

_ Les populations humaines présentent trop peu de différence génétique entre elles pour justifier de la notion de "race", mais à partir de ces petites différences, on peut retracer les origines géographiques des individus.

_ La notion de "race" en ce qu'elle sous entend des boites assez étanches n'est pas appropriée pour décrire la diversité génétique de notre espèce dont l'histoire est faite de migrations.

_ Une très faible partie de notre diversité génétique est le résultat d'adaptations aux environnements et expliquent les différences comme celle de la couleur de peau.

_L'impact de la culture sur la diversité génétique remet en cause l'essentialisation (qui dit que le biologique contrôle le culturel).

_ C'est la valeur morale ou idéologique attribuée par certains à cette diversité génétique que se fonde le racisme ou l'antiracisme.

Effectivement, et c'est ma conclusion personnelle, la science est amorale (J'ai pas dit immorale). Elle ne porte pas de jugement de valeur. Même si on avait trouvé des différences génétiques fortes entre les populations, et que les races humaines existent, la science le dirait bien sur. Mais faudrait-il pour autant être raciste ? Ou antiraciste ? De même qu'on peut très bien croire en l'inexistence des races, et être raciste. La science se contente de décrire la réalité. Elle est amorale. C'est aux citoyens ensuite de porter des jugements moraux.

 

II] Réponse aux objections

 

 

1) L'exemple d’Homo Heidelbergensis: Le concept de subdivision biologique pour Hassen, il nomme cela la race. C’est l’étape intermédiaire du processus de spéciation

 

Hassen rappelle que (je résume son argumentation): “Svante Pääbo, directeur de l'Institut Max Planck a réalisé le séquençage de l' adn d'Homo Heidelbergensis. (https://www.nature.com/articles/nature12788).

Heidelbergensis est espèce éteinte du genre Homo, qui aurait vécu en Europe au Pléistocène moyen, entre environ 650 000 et 300 000 ans avant le présent.

Il y a les Heidelbergensis en Europe (qui vont donner Néandertal) et Heidelbergensis en Afrique (qui vont donner Homo Sapiens).

En 300 00 ans, apparaît deux nouvelles espèces, qui ne sont pas en contact : sapiens et Néandertal.

Donc pourquoi notre espèce Homo sapiens n'aurait-elle pas suivi la même voie en 300 000 ans?"

 

Selon Hassen, nous avons tous les critères réunis pour parler de races humaines : le temps (300 000 ans), l’isolement géographique, et l’introgression.

 

On peut contre-argumenter tout simplement en affirmant que l’homogénéité génétique de notre espèce les Homos sapiens provient du fait que :

 

a) Nous avons une colonisation récente de la planète :

Les découvertes récentes d’ossements humains (exemple celles faites par Jean Jacques Hublin, sur le site marocain de Djebel Irhoud en 2017) montrent qu’effectivement Homo Sapiens “archaïques” à au moins 300 000 ans. Mais sa sortie d’Afrique ne date seulement que de 190 000 ans. (Début 2018, une mâchoire découverte en Israël suggère que Homo sapiens a quitté l'Afrique et est arrivé au Proche Orient entre 177 000 et 194 000 ans

https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/homo-sapiens-est-sorti-d-afrique-il-y-a-pres-de-190-000-ans_120243)

Ensuite la colonisation de l’Australie ne date que d’environ 50 000 ans, la colonisation de l’Europe il y a 40 000 ans. Et celle de l’Amérique il y a 20 000 ans. On est donc très loin de 300 000 ans d’isolement géographique…

La densité de population des Homos Sapiens et ses techniques de voyages ont très vite radicalement surpassés ceux d’Homo Erectus et Heidelbergensis.

Les populations n'ont pas eu le temps de se différencier fortement depuis cette sortie d'Afrique.

 

b) Le goulet d’étranglement : L’uniformité humaine vient également du fait que la population a été réduite à un petit nombre, elle a frisé l'extinction, mais elle s'en est tiré de justesse. On a la preuve - par les dernières études génétiques - qu'il y a eu, voilà quelque 70 000 ans, un terrible goulet d'étranglement qui a réduit la population à 15 000 individus, dû à un "hiver volcanique" de six années, suivi d'une période glaciaire de mille ans.

(Ca serait d’ailleurs une des causes de l’extinction de Néandertal. Sa lignée se serait éteinte progressivement, ses dernières traces datant d'entre -40 000 ans et -28 000.)

(https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/la-longue-marche-de-sapiens-ce-que-nous-apprend-la-genetique_1640969.html)

 

 

c) Notre homogénéité est renforcée par des migrations de proche en proche entre les populations. Voilà ce que ca donne en dessin, pour comprendre le concept:

(Capture d’écran d’un extrait vidéo du Youtubeur "Esprit Critique" sur sa vidéo sur les Races)

 

d) Les migrations récentes (colonisation de l'Amérique, la traite des esclaves) ont entraînées de nouveaux métissages entre populations qui étaient génétiquement éloignées.

 

Bref, les flux génétiques n'étaient pas coupés. Il n’y a pas eu d’isolement géographique fort pendant 300 000 ans pour les homos Sapiens. Il n’y a jamais eu de démarcation nette suffisamment longue entre les différents peuples pour que l’on puisse parler de sous-espèce ou de début de spéciation.

 

Pour la coupure des flux génétiques, Hassen a comme réponse :

 

2) L'argument de la distance génétique (Fst) de Cavalli Sforza en 1994

 

 

Hassen affirme (je résume) : “Les études des distances génétiques (déduite des différences de fréquence allélique) faite par Cavalli-Sforza en 1994 montrerait une grande séparation entre les populations africaines et le reste de l'humanité. Si il y a eu des échanges de flux génétiques continus et métissages constant, comment Cavalli-Sforza aurait-il pu faire cette distinction ? Donc il n’y a pas eu de flux entre populations.”

 

Rappelons à Hassen que c’est pas parce qu’il y a des flux entre populations, qu’ on ne peut pas voir de subdivision entre elles.

 

A partir des années 2000, les généticiens ont pu enfin explorer le génome humain entier (pas seulement l’adn mitochondrial). Le résultat est que le génome d’un individu est identique à 99,9% à celui de n’importe quel autre individu sur la planète.

La majorité de la diversité génétique n’a rien à voir avec les origines géographiques.

C’est sur une infime partie du génome humain que les généticiens trouvent un lien avec la géographie.

 

3) L'étude de 2006 de Guido Barbujani et Elise Belle: les frontières génomiques

http://www.guidobarbujani.it/images/Publications/pr-466-file_it-Human-Heredity-61.pdf

 

 

 

 

Selon Hassen, l’étude de Guido Barbujani montre (je résume): “qu’il y a eu des barrières, des séparations génétiques significatives. (On remarque qu'elles correspondent à des barrières naturelles géographiques). Cela est basé sur l'étude de 377 gènes non codants. Gènes ne subissant pas de pression sélective. (La seule façon qu'ont ces gènes d'être modifiés, c'est si il y a un contact, un échange de flux. Si pas de contact, ces gènes vont muter de façon constante dans le temps : ce qu’on nomme la dérive génétique.)”

 

Ce ne sont pas des barrières au sens strict. Ce sont des zones du monde où les changements de fréquences génétiques sont plus forts que ceux attendus simplement par la distance géographique. Schématiquement, traverser 500 km d'Himalaya est plus compliqué que parcourir 500 km de steppes, donc les 500 km d’Himalaya limitent plus les échanges et entraînent plus de différences génétiques entre deux populations que 500km de steppes. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y a pas eu d’échanges génétiques des deux côtés des barrières.

 

Depuis les années 2000, on assiste effectivement à une nouvelle méthode d’analyse, la méthode dite des “clusters” (“structure”). On cherche à faire des groupes de similarité génétique. On essaye de regrouper les individus qui se ressemble génétiquement dans un même groupe, de telle sorte qu’il soit le plus différent possible d’un groupe à l’autre. On oublie l’origine géographique des individus. On regarde que leurs données génétiques. On construit ensuite un algorithme qui va essayer de constituer des groupes les plus pertinents possibles à partir des données génétiques. Voir le schéma ci-dessous.

K est le nombre de groupe qu’on souhaite avoir à partir de toutes les données génétiques.

Chaque individu est un trait vertical.

(Genetic Structure of Human Populations, Noah A. Rosenberg, revue Science, 20 décembre 2002)

 

Si on prend k=5, ca donne les 5 continents. Cette méthode a été reprise par beaucoup de penseurs d’extrême-droite pour affirmer que la science affirmait l’existence des races. Or cette méthode est juste une méthode statistique. On peut définir le nombre de groupe qu’on veut (K).

Quand on spécifie K=4 groupes pour un échantillon d’humains d’un peu partout, on trouve des groupes africain, européen, asiatique et amérindien. Mais si on spécifie K=5 groupes pour le Proche-Orient, on sépare les bédouins des druzes etc. Si on zoom sur un groupe, exemple k=5, sur l’Eurasie, on peut faire de nouveau une analyse de clusters, on va trouver des groupes à l’intérieur de ces groupes, etc :

 

 

Si la notion de « races » inclut la différence entre palestiniens, druzes et bédouins, je ne suis pas sur que ça soit une notion très utile. On peut subdiviser à l’infini.

 

Ce que l’on trouve, c’est une variation continue liée à la géographie. C’est ce que l’on attend en l’absence de races.

 

Si l’on a un gradient de couleur du bleu au rouge en passant par le violet, si l’on prend que les deux extrêmes, une population bleu et une rouge, on verra deux populations clairement différentes, alors que dans la réalité on a un gradient, un continuum.

Si la génétique peut définir des groupes sur la base d’un certain nombre de marqueurs, on voit bien que ces groupes ont des limites floues, qu’il y a presque autant de diversité à l’intérieur d’un groupe, qu’entre la moyenne de deux groupes

 

(sources :

https://www.youtube.com/watch?v=WQwzEKFdTL4&t=417s

http://toutsepassecommesi.cafe-sciences.org/2012/03/16/races-and-genetique-cest-reparti/)

 

4) Le processus d'introgression génétique (gène Neandertal pas présent chez les homo sapiens africains)

 

Selon Hassen, dire que “Les différences génétiques sont quasiment aussi importante entre deux individus vivant à proximité, qu’entre deux individus vivants aux antipodes” serait faux scientifiquement.

Dire qu’un breton a quasiment autant de différence génétique avec son voisin breton, qu’avec un papou, est faux. Pourquoi cela ?

Hassen dit qu’affirmer “qu'un blanc européen est possible qu'il soit plus proche d'un africain que d'un autre blanc, est faux, car un africain n'a pas d'adn néandertalien.”

 

Il faut déjà remarquer que le phénomène d’introgression, d’évolution réticulée, est une synthèse développée par Erik Trinkauss, Fred Smith et Günter Bräuer.

Selon ces scientifiques, les migrations depuis 2 millions d'années ont été régulières et progressives dans le temps. De plus, ces mouvements de populations se sont également réalisés d'une région à une autre : de l'Asie vers l'Europe par exemple.

Cela sous-entend donc un mixage génétique permanent qui empêche l'apparition d'espèces différentes.

 

En ce qui concerne l’absence de gène néandertalien chez les Africains, déjà on peut noter que c’est pas totalement vrais, car l'apport des Néandertaliens a également été retrouvé, épisodiquement mais significativement, chez les Maasaï, un peuple est-africain.(source :J.D. Wall, Yang, M.A., Jay, F., Kim, S.K., Durand, E.Y. et Stevison, L.S., « Higher Levels of Neanderthal Ancestry in East Asians than in Europeans », Genetics, vol. 194, no 1,‎ 2013, p. 199–209).

 

Mais admettons, on va quand même voir que l’argument d’Hassen est faux. Passons pour cela à l’argument suivant venant d’un commentaire d’un pro-Hassen :

 

5) Le génome entre chaque individu est identique à 99,9 %. Or l’homo sapiens européens a 2% de gènes néandertaliens. Donc comment un homo sapiens d’Afrique (qui n’a pas de gènes néandertalien) peut il avoir 99,9 % de gènes identiques avec un homo sapiens européen ?

 

Quand on parle de 99,9% de génome identique, on parle de l’ADN complet. Sur environ 3 milliards de paires de nucléotides, on a donc 3 millions de paires différents entre chaque individus.

 

 

On a réussi à trouver et décoder le génome complet d’un Néandertalien (dernier en date : Néandertal de l’Altaï en 2016). Le résultat récent est qu’Homo Sapiens à un apport de gène néandertalien de 2 %.

Mais on va voir que cela n’est pas contradictoire avec le fait que le génome entre chaque individu est identique en moyenne de 99,9%.

 

En effet, on reçoit 2% de notre génome de Néandertal, mais le génome de Néandertal est identique à du génome Sapiens à 99,7%.

(Green R.E. and al. 2010. A draft Sequence of the Néandertal Genome. Science, 328, pp. 710-722 http://science.sciencemag.org/content/328/5979/710.full

https://www.futura-sciences.com/sciences/dossiers/prehistoire-etait-neanderthal-1334/page/6/

)

Nous avons donc 0,3 % de différences entre le génome d'Homo sapiens moderne et celui de Néandertal.

 

Par exemple, si le génome = 100 000, on a reçu 2 000 de Néandertal, mais ces 2000 sont identiques à 99,7% de Sapiens. Ce qui fait qu’ on a reçu 6 SNP/nucléotides Néandertaliens sur les 100 000 regardés. Si on ne tient pas compte de la partie Néandertalienne, il y a 100 différences entre deux humains sur les 100 000 en moyenne et si l’on compare quelqu’un qui a reçu du Néandertal et un autre qui n’en a pas reçu, cela augmente la différence à 106, soit 106/100000 = 1,06 pour mille à comparer à 1 pour mille... On passe d’identique à 99,9% à identique à 99,894%.

 

 

(lire 0,3 % au lieu de 0,2% sur ce schéma)

 

6) Autre argument d’un pro-Hassen : on a que 99,9% de différence génétique entre individus. Comment peut-on alors avoir 5% de différence entre les populations de différents continents ?

 

On a effectivement 99,9% en commun entre deux individus, soit 0,1% de différences.

Mais c’est à l’intérieur de ces 0,1 % que l’on va pouvoir déterminer les différences entre populations de différents continents.

Dans ces 0,1% : 5% sont du à des différences entre populations de différents continents (le fameux Fst de Cavalli Sforza). Dit autrement: sur 3 millions de différences entre deux individus, 150 000 sont dues au fait que deux individus sont de différents continents.

 

7) Autre argument d’un pro-Hassen : des études montrent que les différences génétiques sont plus importantes chez les Africains qu'entre les Africains et les Eurasiens (exemple http://www.genetics.org/content/161/1/269.full). Comment peut-on avoir alors que 5% de différence entre africains et eurasiens ?

 

Voir la réponse de l’argument précédent.

 

Notons pour information qu'il y a plus de diversité en Afrique et donc en moyenne plus de différences entre des africains qu’entre (en moyenne) un africain et un européen. Ainsi par exemple en Afrique les populations comme les Pygmées sont assez différentes des autres populations africaines. Les populations dont sont issues les européens sont des populations africaines non pygmées, donc il y a moins de différence entre européens et africains.

 

8) L’argument du : on observe 25% de différence génétique entre sous espèces de chimpanzés, et 25% à 30 % entre races de chiens, cela pourrait faire que 25% pourrait servir d’étalon pour parler de Race : Ca serait un mauvais argument, car quelques gènes suffisent pour avoir de très fortes modification phénotypiques (donc même si on a que 1 ou 5 % de différences génétiques entre les populations, ca pourrait suffire pour marquer une différence majeure, et parler de Race). De même que si on a que 1,5 % de différence entre homo sapiens et le chimpanzé, ca veut dire que très peu de différences génétiques suffisent à faire des espèces différentes

 

(Capture d’écran extrait de la vidéo conférence Evelyne Heyer)

 

 

Et pourtant si, cet argument de comparaison avec les chiens et les chimpanzés est valide.

Quel était cet argument que j'utilise dans ma première partie. Le voici :

“_ Chez les chimpanzés, la différence entre sous-espèces de chimpanzés est de 25%.

_ La différence génétique entre différentes races de chiens est d'environ 30 %.

_ Cette différence de 25 ou 30 % pourrai donc servir d'étalon, pour définir le seuil à partir duquel on pourrait définir des races.”

 

a) Prenons le cas du chien : Les chiens sont l’exemple d’une espèce dans laquelle il y a clairement des races (créées par l’Homme), avec des comportements différents, des aspects et des caractères différents et bien marqués. Chez les chiens, vous déterminez la race extrêmement facilement, à partir de quatre ou cinq marqueurs. On peut donc dire qu’il y a réellement des races à l’intérieur de cette espèce. Il y a une différenciation génétique en groupes qui est vraiment beaucoup plus marquée que dans l'espèce humaine. C’est une question de degré. Dans l’espèce humaine, il faut regarder quelques centaines de marqueurs bien choisis ou 500 000 marqueurs tout venant, et faire travailler des programmes sophistiqués pour arriver à retrouver la trace de vos ancêtres dans votre ADN. Dans le cas du chien, vous faites cinq sites polymorphiques et vous savez si c’est l’ADN qui vient d’un chiwawa ou d’un labrador. Ceci est dû au fait que les races canines sont très homogènes et très différenciées les unes des autres.

(http://www.laviedesidees.fr/Interpreter-la-diversite-humaine.html)

 

b) Prenons le cas du chimpanzé:

Entre deux groupes humains même très éloignés sur la planète, il y a finalement moins de différence génétique qu'entre deux populations de chimpanzés vivant sur le même continent!

 

"Il y a une quantité inhabituellement élevée d'uniformité génétique dans l'espèce humaine en dépit des apparences. Si vous prenez du sang, et que vous comparez les molécules de protéine, ou si vous séquencez des gènes, vous trouverez qu'il y a moins de différence entre deux humains qu'entre deux chimpanzés d'Afrique. On peut expliquer cette uniformité humaine en devinant que nos ancêtres, et pas ceux des chimpanzés, sont passés par un goulet d'étranglement génétique il n'y a pas très longtemps. La population était réduite à un petit nombre, elle a frisé l'extinction, mais elle s'en est tiré de justesse. On a la preuve qu'il y a eu, voilà quelque 70 000 and, un terrible goulet d'étranglement qui a réduit la population à 15000 individus, dû à un "hiver volcanique" de six années, suivi d'une période glaciaire de mille ans.

Comme les enfants de Noé dans le mythe, nous descendons tous de cette petite population, et c'est pourquoi nous sommes aussi génétiquement uniformes. Des preuves d'une uniformité génétique encore plus grande laissent penser que les guépards sont passés plus récemment par un goulet d'étranglement encore plus étroit, vers la fin de la dernière période glaciaire.

La mixité génétique dans l'espèce humaine est tellement importante que si vous avez besoin d'un don d'organe ( un rein par exemple) vous avez autant de chance de trouver un donneur compatible dans votre voisinage qu'à Dakar au Sénégal." (Richard Dawkins, Il était une fois nos ancêtres, Pluriel, 2011, pages 487-488-489.)

 

L’homme partage 98% de son matériel génétique codant avec le chimpanzé.

L’Homme possède bel et bien des gènes en commun avec le chimpanzé, à hauteur de 98%. Rien d’étonnant à cela… L’Homme et le chimpanzé ont un ancêtre commun, vieux de sept ou huit millions d’années, et nous possédons des points communs avec le chimpanzé, comme avec beaucoup d’autres êtres vivants : des cellules toutes composées d’une membrane, d’un noyau, qui ont les même fonctions biologiques. Mais ce chiffre de 98% reste à relativiser.

Ces ressemblances ne portent en fait que sur nos gènes « codants », c’est à dire des gènes qui portent sur l’expression directe de protéines, que ne comptent que pour 1,5% de notre ADN. Le reste de notre ADN, dit ADN non-codant a un rôle beaucoup plus complexe, il peut par exemple réguler l’activité de nos gènes, mais reste pour une majeur partie encore totalement inconnu. Nous n’avons donc en commun que 98% de 1,5% de notre ADN avec le chimpanzé.

En revanche, je partage beaucoup plus d’ADN en commun avec mon frère ! D’ailleurs tous les Hommes ont un grand pourcentage d’ADN en commun, environ 99 ,9% ! Chaque individu possède environ 3 millions de bases d’ADN, sur un total de 3 milliards, qui diffèrent d’avec une personne d’une autre famille. Soit 0,1% de différence… Ce qui reste une moyenne : le chiffre peut-être un peu plus faible entre deux frères ou plus élevé entre un Breton ou un Papou de Nouvelle-Guinée par exemple.

(http://www.museedelhomme.fr/fr/si-je-partage-98-mes-genes-chimpanze-pourquoi-je-n-partage-que-50-mon-frere)

 

Comme l’écrit Richard Dawkins (Il était une fois nos ancêtres, Pluriel, 2011, pages 487-489) “Certains verront peut être une inadéquation entre les preuves issues de la génétique biochimique et leur expérience de tous les jours. Contrairement aux guépards, nous n'avons pas l'air uniformes. Il semble qu'il y ait des différences spectaculaires entre les Norvégiens, les Japonais et les Zoulous. Avec la meilleure volonté du monde, il est intuitivement difficile de croire la vérité pure et simple : qu'ils sont "vraiment" plus pareils entre eux que trois chimpanzés qui, à nos yeux, se ressemblent beaucoup plus.

Il est indéniable que si vous mesurez le total des variations dans l'espèce humaine, et que vous les répartissez ensuite en un composant interracial et un composant intra-racial, le composant interracial constitue une très faible proportion du total. La plupart des variations entre les humains peuvent se trouver aussi bien dans les races que d'une race à l'autre. Seul un petit mélange de variations supplémentaires distinguent les races les unes des autres.”

 

Richard Dawkins ajoute cependant après :

“Si faible que puisse être la proportion raciale dans le total des variations, si ces caractères raciaux sont fortement corrélés avec d'autres, ils sont par définition informatifs, et ont donc une signification taxinomique.”

 

c) Parlons donc de ces différences engendrés par les variations/mutations:

Il faut savoir que, dans le génome humain, seules 1,5 % des lettres codent pour les protéines produites par l'organisme. Toutes les mutations situées à ces endroits sont donc susceptibles de changer la composition chimique ou la structure des protéines. C'est ainsi que les mutations influencent parfois, de façon non pathologique, la diversité anatomique, morphologique, ou physiologique de notre espèce, mais elles peuvent aussi entraîner certaines maladies génétiques comme le diabète de type I ou la mucoviscidose.

Qu'en est-il des mutations présentes dans les 98,5 % restants du génome ?

Bien qu'elles modifient parfois, de façon complexe, la quantité de protéines produites avec des conséquences importantes sur l'organisme, la grande majorité des mutations différenciant deux individus n'a pas d'effet connu sur l'organisme, voire pas d'effet du tout !

DES MUTATIONS VISIBLES…

La mutation d'une seule lettre de l'ADN est-elle responsable de variations biologiques visibles à l'œil nu ? Les cas connus sont très rares. Citons la couleur et la texture du cérumen (la cire des oreilles). À un endroit précis d'un gène nommé ABCC11, une seule mutation de la séquence d'ADN (un G remplacé par un A) modifié une protéine composant le cérumen. Si vous êtes porteur d'un G, votre cérumen sera de texture humide et de couleur miel, sinon, de texture sèche et de couleur grise… sans avantage ni désavantage particulier quant à l'ouïe ou la résistance aux infections. Certaines différences visibles entre individus sont déterminées de façon plus complexe, par plusieurs mutations dans plusieurs gènes. Ainsi, au moins six gènes et de nombreuses mutations expliquent à peine 40 % des variations de couleurs de peau, qui sont entre autres fortement influencées par le bronzage ou encore l'alimentation. De même, plus de quatre-vingts mutations à l'intérieur de dix gènes peuvent, grâce à des combinaisons différentes, expliquer environ trois quart des différences de couleur des yeux. Les chercheurs sont toujours à la poursuite du quart manquant, et la difficulté réside avant tout dans la mesure de la couleur des yeux, variable avec l'âge de surcroît !

… ET D'AUTRES NON

Mais certaines mutations génétiques entraînent des différences que seules des analyses physico-chimiques plus poussées parviennent à détecter. Pensez aux groupes sanguins (A, B, O ou AB) : impossible de savoir au premier coup d'œil si un individu est du même groupe que vous, il faut en passer par une analyse des protéines du sang. Ces différences sont majoritairement dues à trois mutations dans un gène, ABO. Bien qu'invisibles, ces groupes sanguins ont une importance cruciale lors de transfusions sanguines ou de greffes d'organes.

De même, pourquoi le lait provoque-t-il des ballonnements ou des diarrhées chez certains ? Cela s'explique parce que certaines mutations entraînent l'arrêt, chez l'adulte, de la production de lactase, la protéine chargée de digérer le lactose (le principal sucre du lait), que seul un test permet de déterminer. Attention, mal digérer le lait est parfois imputable à des allergies à certaines protéines du lait, allergies qui ne sont pas forcément dues à des mutations de l'ADN. Cet exemple montre bien que les mutations génétiques ne déterminent pas toutes les différences biologiques visibles ou invisibles, pathologiques ou non, loin de là. En définitive, parmi toutes les mutations de l'ADN au cœur de la diversité génétique humaine, seule une poignée est connue pour induire des différences visibles ou testables entre individus. Il n'y a donc souvent aucun lien entre diversité génétique et diversité d'apparence, contrairement à beaucoup d'idées reçues.

(Une belle Histoire de l’Homme, sous la direction d’Evelyne Heyer, Flammarion, 2015, pages 51-52)

 

d) Voici les Problèmes si on prends des différences phénotypiques pour classer les groupes humains :

Les schémas de classification basés sur différents caractères conduisent à des groupements radicalement différents et l'inclusion d'individus dans une seule catégorie est souvent arbitraire. Ensuite, les schémas de classification ne sont pas très informatifs. La différence moyenne entre les groupes d'individus vivant dans différentes parties du monde est bien plus faible que les différences parmi les individus dans chaque groupe.

Les schémas de classification raciale basés sur différents ensembles de caractères ne donnent pas les mêmes groupements pour tous les caractères. Par exemple, un schéma de classification basé sur la capacité à digérer le lactose donnerait des groupements très différents de celui qui est basé sur la résistance au paludisme. Une classification basée sur la couleur de la peau produirait des groupements différents de ceux basés sur la stature. Ce problème ne peut pas être résolu en utilisant de nombreux caractères différents en même temps. Comme le démontre la figure 16.22, les arbres basés sur un grand nombre de gènes et ceux basés sur un grand nombre de caractères morphologiques organisent les groupes locaux de manières très différentes. Les arbres basés sur les caractères génétiques rassemblent les populations aborigènes d'Australie et de Nouvelle-Guinée avec celles d'Asie du Sud-Est, alors que les arbres basés sur les traits morphologiques groupent les aborigènes avec les pygmées et les !Kung d'Afrique. Notons également que l'arbre génétique suggère que les populations du nord de la Chine sont plus similaires à celles d'Europe qu'à celles d'Asie du Sud-Est :

 

(L'aventure humaine : Des molécules à la culture, de Robert Thomas Boyd, Joan Silk, Editions De Boeck supérieur, 2003, page 459.)

 

 

9) Autre argument d’un pro-Hassen : Beaucoup d’antiracistes, ou de ceux qui disent que les races n’existent pas, affirment qu’il n’y a pas de marqueur spécifique à une population. Ainsi, pour André Langaney : "Il n'y a pas de marqueur génétique de la race. On n'a jamais pu en isoler un qui soit présent, par exemple, chez tous les “Noirs” et absent chez tous les “Blancs”.

 

C’est effectivement un mauvais argument que commettent certains antiracistes. Il y a des variant génétiques que l’on ne retrouve que dans une population. Par exemple les formes de gènes qui permettent l’adaptation à l’altitude au Tibet, ou certains variant génétiques impliqués dans la couleur de peau, etc.

 

On va le répéter encore une fois, la science ne nie pas qu’il y a des diversités entre populations. C’est juste que le concept de race n’est pas un concept opératoire pour décrire cette diversité.

 

10) Argument d’Henry de Lesquen : certes, on n’a pas un groupe sanguin pour chaque race, sa répartition n’étant pas la même dans toutes les populations, mais on a trouvé depuis de nombreux marqueurs, plus spécifiques, qui n’apparaissent que dans une seule race : par exemple, pour le groupe sanguin Diego, l’allèle A est propre à la race jaune ou mongoloïde ; pour le groupe sanguin Duffy, l’allèle O n’existe que chez les noirs.

 

Pas de problème, cela rejoint notre argument précédent sur l'existence des diversités entre populations.

 

11) La pertinence du concept de race

 

 

La révélation du polymorphisme génétique des populations humaines, de l'étendue de la diversité génétique au sein même de chaque population, a progressivement conduit à douter de la possibilité d'établir un système descriptif formé de catégories bien limitées où toutes les populations humaines trouveraient leur place, et cela d'autant plus qu'on utiliserait des caractères distinctifs nombreux.

Certes, Il existe des diversités humaines, mais le concept de races n'est pas opératoire.

Le concept de race est infondé du point de vue génétique, car il suppose une classification arbitraire des êtres humains. Tout au plus peut-on parler de fréquence de certains allèles dans une zone géographique donnée.

 

C’est pourquoi, après la Seconde Guerre mondiale, petit à petit la génétique a conduit à abandonner la notion de races, en montrant l'unité génétique de tous les êtres humains, même s'il existe des nuances et des différences. Cet abandon dans le langage scientifique a créé un vide, et le mot "ethnie" lui a été substitué. Cependant, un caractère ethnique est essentiellement culturel : il peut s'agir de la langue, des croyances ou des coutumes. Aussi, pour désigner des groupes humains partageant des ancêtres communs, les scientifiques préfèrent parler de populations, ou parfois de dèmes (du grec dêmos, "territoire", "population", "peuple").

 

Par rapport à la question des ascendances ou des « races », on peut premièrement se poser la question : "est-ce qu’il y a des endroits où il y a toujours une certaine base dans l’ADN d’un Européen et une autre dans celui de quelqu’un d’origine africaine ? ». La réponse est "non". Il n’y a pas d’allèle qui soit spécifique d’une population donnée à 100% (On parle "d’allèle" car il y a un point dans l’ADN qui peut exister sous au moins deux formes : deux "allèles"). Cela, bien sûr, si on regarde un nombre d’individus suffisant, car si on regarde dix personnes, il y a certains allèles qui ne seront pas représentés dans une population et seront représentés dans une autre. Mais si on regarde un nombre suffisant de personnes, on retrouve presque toute la diversité humaine dans n’importe quelle population. Par contre, ce qu’on voit, c’est que les fréquences des deux allèles varient parfois selon les populations.

Si vous considérez un point donné dans l’ADN qui est polymorphique, et que vous regardez une population ‘bretonne’, vous allez par exemple trouver à peu près aussi souvent un allèle que l’autre : soit 50% A et 50% G. Si vous regardez une tribu papoue de Papouasie orientale, vous trouverez encore les deux allèles mais vous trouverez peut-être 20% de l’un et 80% de l’autre. Ceci est vrai pour une partie des points variables, pour à peu près 10% d’entre eux — enfin, c’est une question de degré. En tout cas, il y a une petite partie des points variables pour lesquels la répartition des deux variants diffère selon la population. Bien entendu, regarder un variant ne vous suffit pas pour rattacher une personne à une population. Mais si vous trouvez un moyen de choisir ceux qui sont les plus variables dans une population et d’en regarder 1000 ou 2000 à la fois, vous allez pouvoir à ce moment-là — avec une assez bonne probabilité — dire : "cet ADN là provient de quelqu’un qui a des ancêtres européens" ou bien "cet ADN là provient de quelqu’un qui a des ancêtres africains".

 

12) Pourquoi des biologistes utilisent encore le concept de races, même aujourd'hui?

 

C'est de moins en moins le cas, et de plus en plus rares depuis les années 1990, suite à tout ce que nous avons argumenté précédemment.

Remarquons qu'un des pères fondateurs de la génétique des populations, Theodosius Dobzhansky, s’est élevé dès les années 1950 contre ce qu’il considérait comme l’entreprise tyrannique des sciences sociales, en particulier de l’anthropologie culturelle américaine : la négation de l’existence de races humaines. Dès 1950, de nombreux généticiens évolutionnistes se sont mobilisés aux côtés des anthropologues physiques pour contester la prétention de l’UNESCO à délégitimer la notion de race. La fronde a été si forte que l’institution internationale a dû permettre à ces contestataires de publier sous son égide un démenti à sa première « déclaration sur la race » où ils nuançaient fortement la thèse selon laquelle la race n’était qu’une construction sociale. Or les contestataires n’appartenaient pas tous, loin de là, au camp des crypto-racistes bien décidés à fournir des armes aux ségrégationnistes américains ou sud-africains. Au contraire, derrière Dobzhansky, ils clamaient à la fois la nécessité de lutter contre le racisme et celle de maintenir la race comme catégorie d’analyse du vivant humain. Ils ont à la fois contesté la validité des entreprises défendant l’idée d’une inégale intelligence des races (The Bell Curve, 1994) et soutenu des programmes de recherche fondés sur l’idée de collecter des patrimoines génétiques de populations « pures » comme l’Human Genome Diversity Project (HGDP) conçu par Luigi Luca Cavalli-Sforza.

Autrement dit, la race est bien restée une catégorie biologique, parce qu’elle a continué à être utilisée par les biologistes. Elle est donc à la fois, en même temps, de manière inextricable, biologique et sociale – et son utilisation en biologie est loin d’être réductible au racisme : au contraire, à l’image de Dobzhansky, la majorité des chercheurs en biologie humaine qui l’utilisent professent des convictions antiracistes.