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Je suis anti-franc-maçon, mais je vais voter Mélenchon !!

 

 

Cela peut paraitre paradoxal, il n'y a pas plus anti-franc-maçon que moi (pour différentes raisons que vous trouverez sur ce site, voir ainsi les pages "L'anti-maçonnisme Laïque, L'Esotérisme, et d'autres à venir bientôt), mais pourtant oui, je vais voter à l'élection présidentielle pour le seul candidat franc-maçon : Jean Luc Mélenchon.[1]

 

Tout d'abord franc-maçon, ca ne veut rien dire, il y a de tout. Si tous les francs-maçons étaient comme Jean Luc Mélenchon, le France irait beaucoup mieux. Comme dirait Didier-super, il y en a des biens ! :)

De même que catholique, ca peut tout dire et son contraire. Ainsi le catholique Mgr Lefebvre et le catholique Mgr Gaillot, ils sont tout deux catholiques, et pourtant, presque tout les séparent. L'un était catholique traditionnaliste, proche de l'"extrême-droite", l'autre est tout simplement de l'autre bord.

 

Ironiquement, je pourrai répondre à ceux "d'extrême-droite" ou de l'autoproclamé "Dissidence", qui accusent Mélenchon d'être franc-maçon : Finalement, aujourd'hui on trouve dans l'entourage de Marine Lepen et ses candidats plus de francs-maçons que chez Mélenchon !![2]

Parlons de la franc-maçonnerie : l'extrême-droite véhicule l'idée selon laquelle la franc-maçonnerie, c'est des méchants athées, laïcards, rationalistes, bouffeurs de curés, etc.

Or, les trois quart de la franc-maçonnerie mondiale est théiste !![3]

Mais concentrons nous sur la France. Ce qu'on appelle la franc-maçonnerie libéral et adogmatique (donc non théiste), est une anomalie, non reconnue par la franc-maçonnerie dite régulière (Menée par la Grande Loge Unie d'Angleterre).

Principalement, en France, pour les Obédiences masculines, nous avons en résumé et en caricaturant :

_Le GODF (Grand Orient de France) : adogmatique

_La GLDF (Grande Loge de France) : déiste.

_La GLNF (Grande Loge Nationale Française)[4] : Théiste.

Le courant adogmatique représente actuellement environ 40 % de la franc-maçonnerie française.

Or, même au sein du GODF, le courant rationaliste est de plus en plus minoritaire, la plupart des francs-maçons s'intéressant surtout à la "spiritualité", au "symbolisme", etc.[5]

 

Ceux qui s'intéressent peu au sein du GODF au "symbolisme" et à la "spiritualité", sont ceux qui y entrent pour profiter du réseau, ou pour des avantages politiques, bref pour s'en servir et non pas servir.

Du coup les véritables laïques, les véritables rationalistes, les véritables athées militants, sont une poignée au sein du GODF, une survivance du passé en voie de disparition.

En effet, en Loge, même au sein du GODF, on ne planche pas, on n'apprend pas le rationalisme, la démarche scientifique, la zététique. Bref, contrairement à ce que croient les anti-maçons "d'extrême-droite", ce n'est pas une école, ce n'est pas une fabrique de militants rationalistes.

Officiellement, le but de la franc-maçonnerie est de s'améliorer soit même (polir sa pierre brute), pour ainsi améliorer le monde[6]. Ceci est très louable. Le problème, est que pour s'améliorer soi même, pour cela, la franc-maçonnerie à recourt au symbolisme, à l'ésotérisme, à la Kabbale, l'alchimie, etc, bref que des délires irrationnels !!! Pourquoi ?

Faites un tour sur le sujet des planches traitées au sein des loges[7], vous serez vite fixé. Aucune sur la Raison ou la Rationalisme.

Il faut retourner des années en arrière, pour trouver la Raison comme sujet d'étude. On en trouve une trace, avec cet ouvrage par exemple de Paul François Ryziger : "Rationalisme : une voie initiatique pour la Franc-Maçonnerie" (Editions Edimaf, 2004).

A l'heure actuelle, apparemment la Raison serait encore un sujet d'étude, au sein de la micro-obédience la GLMU (Grande Loge Mixte Universelle).[8]

 

Comme les obédiences théistes ou déistes, la GODF se dit être une société initiatique.

L'article 5 de sa Constitution stipule ainsi : "La Franc-Maçonnerie possède des signes et des emblèmes dont la haute signification symbolique ne peut être révélée que par l'Initiation".

D'un point de vue ethnologique, l'initiation vise un passage d'un état à un autre, de celui d'adolescent à l'état d'homme par des épreuves, voire un enseignement approprié.

Paul François Ryziger, qui tente malgré tout de défendre la franc-maçonnerie et l'Initiation, écrit "Tout ceci serait simple, si un certain nombre d'auteurs, avec des tendances plus ou moins philosophiques, n'avaient pas cru devoir réfléchir sur l'initiation, c'est à dire, en réalité, tout compliquer! Ils ont voulu présenter l'initiation dans la vie moderne, lorsqu'elle a lieu, comme un évènement dont l'importance influe sur la vie elle même; on pourrait dire, d'après eux, qu'elle aurait dans cette conception une importance majeure [...]

C'est à ce point précis, c'est à dire quand on tente de faire admettre que l'initiation tend à la transmission d'une certaine spiritualité ou contribue à la spiritualisation, que le rationaliste bute, ou encore mieux se rebelle."

Ryziger, lui, refuse de voir dans l'initiation une spiritualisation. Mais c'est un peu une boite de pandore, car rien n'empêche une Loge ou une obédience, comme c'est la cas, en majorité, de se déclarer une société initiatique, avec des mystères, des secrets, etc, pour attirer le gogo. Et initiatique non pas dans le sens "démarche qui conduit à la compréhension progressive de la condition humaine"...

Non pour ca, je dirai que rien ne vaut le rationalisme ou le marxisme.

 

Passons au symbolisme.

Pour les symbolistes le symbole est une voie pour pénétrer les profondeurs de l'être et ses mystères.

René Guénon écrit "Le symbolisme est le moyen le mieux adapté à l'enseignement des vérités d'ordre supérieur, religieuses, c'est à dire tout ce que repousse et néglige l'esprit moderne."[9]

Or, pour la rationaliste, la réalité ne peut être atteinte que par la Raison. La seule acceptation possible du symbolisme, serait, selon Paul François Ryziger, avec cette définition que le symbole est "une représentation concrète d'une idée abstraite". Ainsi, rien ne s'oppose à ce que l'Equerre soit le symbole reconnue de la rectitude. On se retrouve en présence d'une représentation concrète, l'équerre, caractérisant une règle abstraite, la rectitude.

Paul François Ryziger avoue cependant dans son ouvrage en 2004, "j'ai voulu présenter une philosophie qui étais jadis dominante dans la Franc-Maçonnerie libérale."

Elle est donc minoritaire et cela n'a fait qu'empirer depuis...

Pour moi, les symboles n'apportent rien que ce qu'on y introduit préalablement et l'enseignement qu'on prétend en tirer n'est que l'exposé de notions antérieurement connues, qu'on feint de découvrir grâce à eux.

En ce qui concerne le "Grand Architecte de l'Univers", pour tous les francs-maçons qui y sont attachés, je les invitent à lire "L'Horloger Aveugle" de Richard Dawkins, ou " Y a t - il un grand architecte dans l'Univers?" de Stephen Hawking.

 

Je ne parle même pas du coté politique. L'ancien Grand Maître de la Grande Loge de France (mais c'est pareil pour les autres obédiences), affirmait que tout le monde pouvait entrer en Franc-Maçonnerie, "sauf l'extrême-droite et l'extrême gauche, car ils ne respectent pas la dignité humaine."

Ainsi donc, si on est du PS, du Centre, ou de "Les Républicains", on peut être francs-maçons. Mais pas les autres.

Sauf que moi je considère ces trois partis comme des partis capitalistes. Et pour moi c'est le capitalisme qui ne respecte pas la dignité humaine des travailleurs...

Bref, concluons et concentrons nous sur Jean Luc Mélenchon.

Il intègre en 1983 le GODF. On sait qu'il est, selon Le Parisien, Couvreur à la loge "Roger Leray" en 2010.

En 1984, lors des débats relatifs à la loi Savary, Mélenchon reproche au GODF de ne pas s'engager pleinement dans la bataille en faveur de l'unification des enseignements public et privé au sein d'un grand service public de l'Éducation nationale. Amer, il reste franc-maçon mais de manière peu assidue, sans s'impliquer fortement dans les affaires internes du GODF et refusant de participer aux "fraternelles parlementaires" qu'il dénonce comme étant de son point de vue une "déviance grave, un attentat contre la République".[10]

Jean Luc Mélenchon fait partie du courant minoritaire rationaliste.

Voilà donc pourquoi le fait qu'il soit franc-maçon ne va pas m'empêcher de voter pour lui. La raison principale pour laquelle je vais voter pour lui est que de tous les candidats, c'est celui qui a le programme économique, écologique et social le plus avancé.

Alors bien sur, on va me dire :

_Il a voté oui au Traité de Maastricht : oui mais depuis il a changé d'avis. Vous préférez qu'un homme persiste dans son erreur ou qu'il évolue et aille dans le bon sens ?

_Il a été trente an au PS : oui mais depuis il a changé d'avis. Vous préférez qu'un homme persiste dans son erreur ou qu'il évolue et aille dans le bon sens ?

_ Il a appelé en 2012 à voter Hollande au second tour de la présidentielle : oui, mais il n'y avait que le choix au second tour entre Hollande ou Sarkozy. S'il n'avait pas appelé à voter pour Hollande, Sarkozy aurait pu être réélu une deuxième fois de suite. Or, cela n'aurait fait que retarder l'expansion du courant que Mélenchon représente. En effet, si Sarkozy avait été réélu, pendant encore 5 ans de plus, le PS serait passer pour un parti d'opposition. Or il ne s'y oppose que sur des sujets mineurs, le PS et l'UMP étant tout deux capitalistes. Alors qu'en appelant à voter Hollande, cela à permis a ceux qui étaient encore naïf, de voir que le PS n'est qu'un parti de gouvernement capitaliste comme un autre. Du coup, résultat : le PS actuellement explose et c'est tant mieux, et le parti de Mélenchon va de l'avant. On dit aussi : il aurait pu appeler à voter Hollande en posant des conditions : 1) Hollande aurait pu les refuser, et Sarkozy serait passé. 2) : Admettons, Hollande lui promettrant disons 2 ministères pour l'appâter. Et puis on connais la chansons au bout de quelques mois, en protestations de la politique menée par Hollande, ils auraient démissionnés, donc aucun intérêt, à part passer pour des gamélards.

_Il y a l'UPR de François Asselineau, qui veut sortir de l'OTAN, de l'Union européenne, de l'Euro : Oui très bien, mais sortir du capitalisme, ca non ? il veut réduire les féodalités financières, mais ne s'attaque pas à la propriété privée des moyens de productions. Mélenchon lui veut en sortir, progressivement, à petite dose, d'ou notre soutien critique. Pour une critique des conférences d'Asselineau, lire cet article sur le blog : https://venividisensivvs.wordpress.com/2016/12/02/recuperations-politiques-de-lhistoire-asselineau-un-cas-decole/

 

 

 

 

 



[1] Un soutien non pas aveugle, mais critique, considérant que sa candidature va dans le bon sens. Voir : http://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/jlm2017-lettre-ouverte-prcf-a-jean-luc-melenchon-3-fevrier-2017/

[2] Dans les connus, pensons à Gilbert Collard, Valery Le Douget, anciennement Aymeric Chauprade, Jean François Daraud, Marie Claude Lehmann, Michel Marinier, Daniel Simonpieri, Jean Richard Sulzer, Jean Christian Tarelli, Richard André, Jean Pierre Calone, François Dubout, Norbert Battini, Jean Pierre Giudicelli de Cressac Bachelerie, Jacques Mérel, etc.

[3] En effet, comme il est écrit dans les Constitutions d'Anderson, un maçon ne sera jamais un "athée stupide".

[4] et les obédiences qui sont issues de la GLNF : GLTSO, GLAMF, GLIF, etc.

[5] Le rôle du politologue et anthropologue Bruno Etienne (1937-2009), frère du GODF depuis 1960, y est surement pour beaucoup.

[6] 1er article de la Constitution du GODF : "Elle travaille à l'amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l'Humanité".

[7] Exemples sur le site L'édifice : http://www.ledifice.net/3000.html

[8] Elle compte 1400 membres. Éliane Brault, la première "Grand Maître" de la GLMU (1973-1974), fut secrétaire de l'Union Rationaliste, membre du conseil d’administration et de la rédaction de son organe, les Cahiers rationalistes, de 1960 à 1980.

[9] René Guénon, Symboles de la Science Sacrée, Gallimard, 1962, page 13.

[10] Lilian Alemagna et Stéphane Alliès, Mélenchon le plébéien, Paris, Robert Laffont, 2012, pages 158-159.